On parle beaucoup du frelon asiatique ces dernières années, et pour cause : ce prédateur venu d’Asie est aujourd’hui identifié comme une menace majeure pour nos abeilles. La LPO explique, par exemple, comment distinguer le frelon asiatique du frelon européen afin de ne pas lutter contre le mauvais prédateur. C’est dans un contexte de lutte sans merci que j’ai découvert l’invention de deux enseignants ardennais qui, avec leurs élèves, ont créé une sorte de grande muselière pour ruche. Une idée simple, mais brillante, et dans la lignée d’un système similaire que nous vous avions déjà présenté l’été dernier dans notre article. Et, franchement, quand on connaît les limites des pièges classiques dont nous vous parlions dans cet article, cette approche plus douce mérite vraiment de sortir de l’ombre. Découverte.
Une muselière née dans un collège… et vite adoptée sur le terrain
Tout commence au collège Turenne de Sedan. Betty Pontone et Vincent Lamotte, enseignants passionnés d’apiculture, initient leurs élèves à la vie d’une ruche. Très vite, ils observent ce comportement étrange : dès qu’un frelon asiatique approche, les abeilles sortent en masse pour tenter d’intimider l’intrus. Mais le frelon n’est pas impressionné et pour lui, ces sorties groupées sont presque une invitation à un festin. Face à cette impuissance, l’idée s’impose : protéger la ruche avec une cage englobante d’environ un mètre carré. Une véritable muselière, faite de grillage rigide de 6 millimètres. La maille est assez large pour laisser entrer et sortir les abeilles sans les gêner, mais trop étroite pour que le frelon puisse passer. Résultat : les douze ruches protégées comprennent toujours des colonies vivantes, alors que deux ruches non équipées ont été totalement décimées. Et, tout cela sans produit chimique, sans piège liquide, sans impact sur les autres insectes. Juste une barrière physique bien pensée.
Un système qui rassure les abeilles et séduit les apiculteurs
La force de cette muselière, c’est son fonctionnement naturel. Contrairement aux pièges classiques, qui attirent parfois des insectes non ciblés, la cage ne tue rien. Elle bloque simplement l’accès au prédateur. Les abeilles, elles, reprennent confiance. Elles ne sont plus paralysées par la présence du frelon, continuent de butiner normalement et reviennent sereinement dans la ruche. On est très loin des systèmes offensifs, comme les harpes électriques testées par certains chercheurs, où le frelon se retrouve électrocuté tandis que l’abeille passe sans danger entre les câbles. Ici, tout est passif, mécanique, simple. Depuis la médiatisation du projet, les deux enseignants reçoivent des demandes de partout : proches, collègues, apiculteurs novices ou expérimentés. Même des personnes qui n’ont jamais approché une ruche les contactent pour comprendre, apprendre ou demander un prototype. L’idée touche à quelque chose de profondément humain : protéger sans détruire.
Vers une nouvelle manière de défendre les colonies ?
Bien sûr, la muselière ne règle pas tout. Les abeilles restent exposées lorsqu’elles butinent loin de la ruche, et si trop d’entre elles disparaissent en automne, la colonie pourrait ne pas survivre à l’hiver. Mais ce dispositif offre une défense solide, immédiate et accessible. Une solution low-tech qui remet un peu d’équilibre dans cette bataille inégale entre abeilles et frelons. Et, quand on voit la pression croissante que ce prédateur exerce dans toute la France, on comprend pourquoi cette muselière suscite autant d’intérêt.
Une innovation simple, née dans une salle de classe, qui pourrait bien trouver sa place dans les ruchers du pays. Et vous, pensez-vous qu’une protection mécanique pourrait changer la donne pour nos ruches et nos abeilles ? Et vous, que pensez-vous de cette solution ? Dites-le-nous en commentaire : cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !