Je me souviens de mon enfance et de mon père qui brûlait des déchets dans le jardin à partir du 1ᵉʳ octobre, date à laquelle c’était autorisé ! Si je parle au passé du brulage des déchets verts, c’est tout simplement parce que dorénavant, c’est strictement interdit ! Ah, les joies du jardinage ! Après avoir taillé, tondu, débroussaillé avec l’entrain d’un paysagiste du dimanche, on se retrouve souvent face à une montagne de feuilles mortes et de branches. Et, là, la tentation guette mon père chaque automne : « Et si je faisais un petit feu pour m’en débarrasser ?» Et, ma mère qui se fâche et lui rappelle que c’est une très mauvaise idée, oui même dans le fût d’ailleurs ! En effet, depuis la loi du 10 février 2020 sur l’économie circulaire, cette pratique est strictement interdite, même avec un incinérateur flambant neuf. Selon Service-Public.fr, le brûlage des déchets verts (feuilles, herbes, branches, tontes) est interdit à l’air libre comme en incinérateur. L’amende peut grimper jusqu’à 750 €, et croyez-moi, ça pique autant que la fumée ! Remarquez, lorsque l’on a conscience qu’un simple feu de 50 kg de végétaux équivaut à 13 000 km en voiture diesel selon l’ADEME, on comprend vite que ce rituel est tout sauf anodin. Décryptage.
Pourquoi c’est interdit (et surtout dangereux) ?
Derrière la fumée poétique des feuilles qui crépitent se cache une vraie pollution. Les particules fines, le monoxyde de carbone et les dioxines qui s’en dégagent sont aussi nocifs pour la santé que pour l’environnement. L’ADEME rappelle qu’un feu de jardin libère plus de polluants qu’un vieux diesel. Et, pour ne rien arranger, cette fumée s’invite parfois chez les voisins, imprégnant le linge ou noircissant la façade : de quoi transformer une simple soirée « feu de camp » en querelle de voisinage. Même en zone rurale, même avec un grand terrain, aucune tolérance n’existe : le Code de l’environnement (article L541-21-1) interdit formellement toute incinération à l’air libre. Et ne pensez pas contourner la loi avec un incinérateur de jardin flambant neuf : son utilisation est elle aussi interdite. Les fabricants ont beau le vendre, c’est son usage qui est sanctionné.
Que risque-t-on vraiment ?
Avant de sortir les allumettes, il vaut mieux savoir à quoi l’on s’expose réellement… car la loi, elle, ne plaisante pas avec la fumée !
| Infraction | Sanction possible | Texte de référence |
| Brûlage de déchets verts à l’air libre | Amende jusqu’à 750 € | Service-Public.fr |
| Utilisation d’un incinérateur de jardin | Amende jusqu’à 750 € | Article R.541-78 du Code de l’environnement |
| Pollution de voisinage (fumées, odeurs) | Poursuites pour trouble anormal du voisinage | Code civil, article 1240 |
| Risque d’incendie lié au feu | Responsabilité civile et pénale engagée | Code pénal, article 322-5 |
Autant dire qu’entre l’amende salée et le risque d’incendie, mieux vaut garder ses feuilles pour le compost que pour un feu de joie au beau milieu du jardin.
Les alternatives (légales et malignes) au feu de jardin
Heureusement, il existe des solutions bien plus futées pour se débarrasser de ses déchets verts, sans enfumer le quartier ni risquer une amende :
- Le compostage : parfait pour les épluchures, tontes et petites branches.
- Le paillage : déposez les feuilles mortes au pied de vos plantes pour nourrir le sol.
- La déchetterie : les bennes à végétaux sont faites pour ça.
- La collecte verte : dans certaines communes, elle est hebdomadaire en automne.
- Le broyage à domicile : certaines collectivités prêtent même des broyeurs gratuitement.
- Et ma préférée : le refuge à hérissons ! Ces petits mammifères adorent se nicher sous un tas de feuilles sèches.
Attention, les bornes d’apport volontaire qui peuvent exister dans les communes sont destinées aux biodéchets alimentaires et non aux déchets végétaux ! Le paillage est donc la meilleure solution, mais il a aussi ses limites que nous vous expliquions dans cet article publié sur NeozOne.
Le paillage malin : des feuilles au potager
La solution la plus simple pour valoriser vos feuilles mortes reste le paillage, comme le recommande Terra-Potager.com. Mais, attention : toutes les feuilles ne se valent pas.
- Feuilles tendres (tilleul, noisetier, prunier, frêne…) : se décomposent vite et enrichissent le sol en six mois.
- Feuilles coriaces (chêne, laurier, platane, châtaignier…) : plus lentes à se décomposer, elles conviennent mieux pour les arbustes ou massifs floraux.
Un petit conseil d’expérience : passez-les à la tondeuse avant de les étaler. Vous obtiendrez des morceaux plus fins, plus faciles à transporter et qui resteront bien en place même les jours de vent.

Les dérogations possibles
Alors, tout est interdit ? Pas tout à fait. Certaines dérogations existent, notamment dans les zones rurales ou à risque incendie. Selon les préfectures, des autorisations temporaires peuvent être délivrées lorsqu’aucune solution de collecte n’existe à proximité, ou dans le cadre du débroussaillement obligatoire. Nous avions détaillé ces exceptions dans un article complet intitulé « Qui a le droit de brûler des déchets verts dans son jardin ? » publié sur NeozOne. Ces dérogations sont strictement encadrées : période limitée (souvent d’octobre à février), distances à respecter, déclaration préalable en mairie… et bien sûr, interdiction totale en période de sécheresse ou de vent fort.
Ce qu’il faut retenir avant d’allumer une allumette
- Le brûlage des déchets verts est interdit partout en France, même à la campagne.
- Les contrevenants s’exposent à 750 € d’amende.
- Des solutions simples existent : compostage, paillage, broyage ou collecte.
- Certaines dérogations existent, mais uniquement sous conditions préfectorale
- Et surtout : brûler, c’est polluer. Recycler, c’est mieux respirer.
Pour aller plus loin, France Nature Environnement rappelle que ces déchets sont une ressource à valoriser, et non un fardeau à brûler.
Repenser notre rapport aux « déchets »
Brûler, c’est simple, mais c’est un geste d’hier. Recycler, c’est celui de demain. Chaque tas de feuilles ou de branches représente une matière vivante, pleine de potentiel pour enrichir nos sols et préserver la biodiversité. Et puis, entre nous, il y a quelque chose de plus poétique à voir un hérisson s’endormir sous les feuilles qu’à respirer une fumée âcre un dimanche matin. Alors, la prochaine fois que la tentation d’un petit feu vous traverse l’esprit, pensez compost, paillage, ou même troc de broyat entre voisins. La planète (et vos poumons) vous remercieront. Et vous, aviez-vous conscience que brûler vos feuilles était strictement interdit, même au fond du jardin et même si vous êtes propriétaire ? Ce sujet vous fait réagir ? Partagez vos idées ou votre vécu, cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !