
Dans le cadre du projet Green Arabia, une équipe internationale d’archéologues a découvert 60 panneaux surdimensionnés gravés sur des parois rocheuses dans le sud du désert de Nafud, en Arabie saoudite. Ils estiment que ces gravures ont été réalisées durant la période où le Dernier Maximum Glaciaire (DMG) hyperaride cédait la place à un climat plus hospitalier (entre 12 800 et 11 400 ans). Alors que la plupart des gravures connues jusqu’ici étaient dissimulées dans des crevasses, celles découvertes par ces archéologues ont été gravées sur d’imposantes falaises, certaines atteignant jusqu’à 39 mètres de haut. Servaient-elles de balises visuelles pour guider les hommes vers des sources d’eau essentielles ? Découverte !
60 panneaux d’art rupestre et 176 gravures découverts
Les archéologues indiquent que ces panneaux d’art rupestre ont été découverts dans le Jebel Arnaan, le Jebel Mleiha et le Jebel Misma, trois zones jusqu’alors inexplorées. Ils ont recensé 60 panneaux et 176 gravures représentant principalement des chameaux, des bouquetins, des équidés, des gazelles et des aurochs. 130 d’entre elles sont des figures grandeur nature et naturalistes, dont certaines mesurent jusqu’à 3 m de long et plus de 2 m de haut. Hormis les fresques d’animaux, les archéologues ont également identifié deux empreintes de pas de chameau, 15 représentations naturalistes à plus petite échelle, 19 figures humaines, quatre visages et six gravures partielles non identifiées.
Pour eux, ces imposantes fresques murales sur parois rocheuses représentent l’une des prouesses créatives les plus ambitieuses et périlleuses jamais observées jusqu’ici. D’ailleurs, l’un des panneaux aurait nécessité un effort considérable, car il fallait escalader d’étroites corniches pour le réaliser. L’équipe estime que c’étaient des gravures d’une importance capitale et non de simples gribouillages dans le désert.
Des gravures faisant office de « panneaux de signalisation »
Les archéologues pensent que ces fresques ont autrefois fait office de « panneaux routiers », indiquant les points d’accès à l’eau et les voies de déplacement accessibles pendant la transition Pléistocène-Holocène. Une sorte de panneau de signalisation préhistorique qui guidait les anciens habitants vers les rares points d’eau du désert. D’après eux, ces gravures auraient été réalisées en « picotant » minutieusement la surface rocheuse avec des outils en pierre cunéiformes et, pour les rendre plus visibles, on aurait utilisé des pigments. L’équipe de recherche affirme avoir récupéré des fragments de pigment rouges et un crayon de peinture verte à base de minerai de cuivre sous l’un des sites. Pour les archéologues, ces « marqueurs visuels des sources d’eau » auraient été essentiels à la survie de ces premiers humains lors de leurs aventures dans le désert.
Husporic and cultural significance confirmed by archaeological discoveries in Hail’s Great Nafud Desert.#GreenArabiaProject#SaudiHeritageCommission pic.twitter.com/WRaEsEShxZ
— هيئة التراث (@MOCHeritage) September 30, 2025
Témoignages de présence, d’accès et d’identité culturelle
Le Dr Maria Guagnin du Max Planck Institute of Geoanthropology soutient que ces panneaux ne sont pas seulement de l’art rupestre, mais probablement des témoignages de présence, d’accès et d’identité culturelle. Selon elle, ils reflètent la manière dont des populations du désert ont forgé leur propre culture et ont surmonté les obstacles liés à la vie dans un environnement rude et pauvre en eau. « Cette forme unique d’expression symbolique relève d’une identité culturelle distincte, adaptée à la vie dans un environnement aride et difficile », déclare, de son côté, le Dr Faisal Al-Jibreen de la Commission du patrimoine d’Arabie saoudite.
Pour information, des artefacts ont été découverts à proximité des panneaux, entre autres, des pointes de pierre, des perles de dentalium et, comme susmentionné, des pigments. Ce qui pourrait, selon les archéologues, avoir un lien avec les communautés du Néolithique précéramique du Levant, situées à des centaines de kilomètres. Leur étude a été publiée dans la revue Nature Communications. Ces gravures démontrent à quel point l’être humain sait s’adapter à son environnement, qu’en pensez-vous ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .