
Si les moyens de contraception sont nombreux pour les femmes (pilules, DIU, etc.), ils sont relativement rares pour les hommes. Outre la vasectomie, le préservatif et le coitus interruptus, la gent masculine peut se tourner vers quelques méthodes, à savoir l’injection intramusculaire d’énanthate de testostérone et la CTRT (contraception thermique par remontée testiculaire). Toutefois, il faut savoir que ces dernières nécessitent des contrôles réguliers qui peuvent être coûteux ou difficiles à réaliser, afin de garantir leur efficacité. Pour l’injection d’énanthate de testostérone, par exemple, un spermogramme est indispensable tous les trois mois, pendant une année, selon l’Association française d’urologie. Pour faciliter les analyses et encourager davantage les hommes à opter pour des méthodes contraceptives, des étudiants de l’IMT Atlantique ont mis au point un spermogramme portable, baptisé SpermView. Cet appareil est le lauréat national de la 21e édition du concours James Dyson Award.
Un microscope portable et une IA
Pour qu’une méthode de contraception soit efficace, 1 ml de sperme doit contenir moins de 1 million de spermatozoïdes. Afin de permettre aux hommes de contrôler aisément cette concentration, le SpermView met à leur disposition un microscope de taille réduite et une application utilisant une intelligence artificielle. Pour analyser un liquide spermatique grâce à ce spermogramme portable, il faut, dans un premier temps, insérer un échantillon dans le dispositif optique, à partir d’une lame prévue à cet effet. Ensuite, il suffit de placer la caméra d’un smartphone au-dessus du dispositif pour que le logiciel dopé à l’IA puisse calculer la concentration de spermatozoïdes. À noter que pour réduire le coût de fabrication du microscope miniaturisé, les étudiants l’ont équipé essentiellement de deux lentilles et d’une LED monochromatique. Par ailleurs, ils ont entraîné l’algorithme utilisé par l’application à partir de données issues de laboratoires, afin de garantir la précision des calculs.
Une conception en plusieurs étapes
L’idée de concevoir le SpermView est née en octobre 2023. Au début, Éléonore Abadie et Julie Simon étaient les premiers membres du groupe et ont décidé de travailler sur un dispositif permettant de faciliter le contrôle du sperme, qui constitue un obstacle à l’adoption des méthodes de contraception masculine. Jack Bourdin Blanc a ensuite rejoint l’équipe et a développé un algorithme à l’aide du langage de programmation Python entraîné à partir de données publiques.
Entre le mois d’avril et celui d’août 2024, les étudiants ont mis au point trois dispositifs optiques avec Mika Ziegler. Puis, en janvier 2025, ils ont conçu et testé une nouvelle version comprenant un support dédié aux smartphones, ainsi qu’un système d’éclairage. Le mois suivant, un laboratoire de diagnostic leur a fourni des échantillons à partir desquels, ils ont collecté des données pour entraîner leur algorithme et améliorer sa précision.
Une commercialisation en 2027
Bien que SpermView soit opérationnel, des améliorations doivent encore être effectuées. Selon les étudiants, ils finalisent actuellement l’algorithme utilisé par le spermogramme portable et travaillent avec des instituts spécialisés dans l’intelligence artificielle pour l’améliorer. En 2026, ils devraient passer à d’autres étapes, telles que la conception des moules ou la validation médicale, et en 2027, leur objectif est de procéder à la commercialisation de leur dispositif. À noter qu’en remportant la phase nationale du James Dyson Award, l’équipe a obtenu une première récompense de 5 800 €.
Dans le cas où le spermogramme portable gagne la phase internationale du célèbre concours, elle pourra empocher 35 000 € et bénéficiera d’une meilleure visibilité. Plus d’informations sur jamesdysonaward.org. Que pensez-vous de cette invention qui a remporté l’édition française du concours ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .