Correction du 28/11/2025 : l’article a été entièrement modifié suite à la mauvaise interprétation de l’étude et à des sources incorrectes.
Alors que la forêt amazonienne continue de rétrécir sous les coups de la déforestation et du réchauffement climatique, une vaste étude scientifique publiée en septembre 2025 apporte une lueur d’espoir inattendue : dans les zones préservées de la forêt, les arbres montrent une capacité de résilience surprenante. Leurs troncs grossissent en moyenne de 3,3% par décennie depuis les années 1970. Mais attention, préviennent les scientifiques eux-mêmes : cette bonne nouvelle ne doit surtout pas nous faire baisser la garde.
Une surveillance scientifique de longue haleine
Pour arriver à cette conclusion, près de cent chercheurs d’une soixantaine d’universités à travers le monde ont suivi 188 parcelles forestières de 1971 à 2015. Leur mission : mesurer l’évolution de la circonférence des troncs d’arbres dans des zones intactes, préservées de toute activité humaine depuis plusieurs centaines d’années. Publiée dans la revue Nature Plants le 25 septembre 2025 et Phys.org, l’étude révèle une croissance généralisée touchant particulièrement les plus grands arbres.
Le CO₂ : un effet fertilisant temporaire
Les scientifiques ont identifié l’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique comme le facteur le plus probable expliquant ce phénomène. Le CO₂, utilisé par les plantes lors de la photosynthèse, agit effectivement comme un fertilisant naturel. Les arbres captent davantage de carbone et le stockent dans leur biomasse. Mais cette apparente bonne nouvelle vient avec de sérieuses mises en garde. Comme l’explique Rebecca Banbury Morgan, chercheuse à l’Université de Bristol et co-autrice principale de l’étude : « Nous ne savons pas si cette croissance va se poursuivre et les conséquences du réchauffement climatique pourraient l’emporter sur un effet positif de la fertilisation par le CO₂ ». L’effet fertilisant du CO₂ diminue avec le temps et ne compense en rien le rythme d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines.
Une résilience limitée aux zones intactes
Point crucial : ces observations concernent uniquement des zones forestières vierges, jamais touchées par l’activité humaine. Elles ne s’appliquent pas aux zones dégradées, défrichées puis replantées, ou mitées par l’agriculture et l’orpaillage. « L’étude montre combien les forêts intactes sont précieuses, quand elles agissent encore en tant que puits de carbone, et combien il est important de les protéger pour combattre le changement climatique », insiste Rebecca Banbury Morgan. Le problème ? Ces zones intactes disparaissent à vitesse grand V. Entre 1985 et 2024, la forêt amazonienne au Brésil a perdu une surface proche de celle de l’Espagne, soit 49,1 millions d’hectares, selon le réseau de surveillance Mapbiomas.
La forêt amazonienne en péril
Contrairement à ce que certains voudraient faire croire sur les réseaux sociaux, cette étude ne remet absolument pas en cause les alertes scientifiques sur la santé de l’Amazonie. Les chiffres sont sans appel :
- Une grande partie du bassin amazonien est désormais émettrice nette de CO₂ au lieu de le stocker
- La forêt s’approche d’un « point de non-retour» où elle ne pourrait plus perdurer
- L’augmentation des températures et la fréquence accrue des sécheresses entraînent une mortalité accrue des arbres et une multiplication des incendies
Jérôme Chave, directeur de recherche au CNRS et co-auteur de l’étude, le dit clairement : « L’augmentation de la vitesse de la croissance des arbres ne compense pas les effets de perte dus à la mortalité accrue. La forêt amazonienne n’est déjà quasiment plus un puits de carbone aujourd’hui. Donc on n’est pas vraiment en train de parler de bonnes nouvelles…»
Ce qu’il faut vraiment retenir
- Les arbres des zones intactes d’Amazonie montrent une capacité d’adaptation face au CO₂ atmosphérique
- Cette résilience est fragile et pourrait ne pas durer face à l’aggravation du réchauffement
- La déforestation continue de détruire massivement la forêt amazonienne
- La forêt passe du statut de puits de carbone à celui d’émetteur de CO₂
- Il est urgent de protéger les zones intactes restantes et de stopper la déforestation
Un message d’espoir… conditionnel
« Cette étude montre que si nous conservons les forêts, elles peuvent faire preuve de résilience face aux risques, ce qui constitue un message d’espoir », nuance Adriane Esquivel-Muelbert, chercheuse à l’Université de Birmingham et deuxième co-autrice principale. Mais elle ajoute immédiatement : « Nous ne savons pas pour combien de temps encore ce sera le cas, et il est extrêmement probable qu’avec beaucoup plus de CO₂ dans l’atmosphère, conduisant à des températures en hausse et un climat extrême, ces forêts seront très affectées. » La conclusion est sans ambiguïté : cette découverte ne nous autorise pas à baisser la garde. Au contraire, elle souligne l’urgence absolue de protéger les dernières zones intactes de la forêt amazonienne et de réduire drastiquement nos émissions de CO₂. Comme le résume Jérôme Chave : « L’enjeu n’est pas de savoir si le CO₂ est bon ou pas pour les plantes : il est de savoir si les capacités de stockage du CO₂ augmentent ou diminuent » dans un climat qui se réchauffe inexorablement. La nature nous offre peut-être un répit temporaire. À nous d’en profiter pour agir avant qu’il ne soit trop tard. Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .
Sources : Étude publiée dans Nature Plants (septembre 2025), AFP Factuel, déclarations des co-auteurs de l’étude (Jérôme Chave, Rebecca Banbury Morgan, Adriane Esquivel-Muelbert), données Mapbiomas, rapports du GIEC
Super nouvelle. Dommage que l article oublie de preciser que la croissance est uniquement sur la hauteur des arbres, et que la deforestation, loin d etre amoindrie, en est encore plus problematique.