On le présente comme l’arbre de tous les superlatifs. Le Paulownia tomentosa, ou arbre impérial originaire d’Asie, promet une croissance fulgurante, un bois léger et résistant, une repousse après coupe et même un intérêt économique. Imaginez, on le présente comme un arbre capable de pousser de 3 m chaque année ! Et, depuis quelque temps, il prend de l’ampleur en France, à tel point que l’EPPO, qui surveille les espèces végétales, lui consacre une fiche officielle. Très surveillé, car parfois considéré comme invasif, il devient une alternative pour les agriculteurs touchés par le réchauffement climatique ! Dans l’obligation de changer de cultures, ils se tournent progressivement vers le Paulownia, qui pourrait devenir le « nouvel or vert » ! Mais, derrière les promesses marketing, les experts appellent à la prudence. Alors, miracle ou mirage ? Voici ce que j’ai découvert.
Pourquoi le Paulownia fascine autant ?
À Bouville, en Eure-et-Loir, j’ai lu avec attention cet article de L’Echo Républicain sur les retours d’une démonstration agricole où soixante exploitants sont venus voir trois hectares de Paulownias hybrides. Et, je dois dire que l’ambiance oscillait entre curiosité et espoir. Concrètement, il possède quelques cordes à son arc :
- L’arbre pousse très vite, parfois 3 mètres par an
- Il peut atteindre 15 mètres en moins de dix ans
- Il capte énormément de CO2
- Il repousse jusqu’à cinq fois après coupe
De plus, il est un bois, léger qui séduit déjà le secteur des constructions alternatives, comme nous vous en parlions dans cet article. Et, pour ceux qui espèrent rebooster des terrains pauvres, cette vigueur a quelque chose d’encourageant.
Ce que les experts surveillent de très près
Évidemment, un arbre qui pousse trop vite attire aussi les signaux d’alerte. Certaines variétés sont très invasives, d’autres moins, comme le rappelle le réseau national des espèces exotiques envahissantes et les risques liés au Paulownia. Ces risques, nous les avions déjà évoqués dans notre analyse dédiée. De plus, il faut également retenir les éléments suivants avant de vous lancer dans la plantation :
- Il aime les sols légers et drainés
- Il déteste les gelées tardives
- Il consomme beaucoup d’eau
- La plantation est exigeante
Bref, il faut intelligemment le cultiver et ne pas s’attendre à un retour sur investissement fulgurant.
Un investissement parfois trop séduisant
Certaines sociétés promettent un rachat du bois après huit ans à prix premium. Sur le papier, c’est séduisant. Dans les champs, l’histoire est plus nuancée. France 3 a relayé le cas d’un agriculteur qui a investi 7 000 euros par hectare, mais dont la croissance réelle variait de 50 cm à 2 mètres selon les plants. Climat trop humide, sol peu adapté : un rappel que l’arbre « magique » n’échappe pas aux lois de la nature. D’ailleurs, si vous envisagez d’en planter pour votre jardin, nous vous expliquions comment faire ici.
Un arbre utile… mais pas un miracle universel
En Seine-et-Marne, j’en ai vu quelques-uns pousser près de chez moi. Et, je dois avouer que leur envergure, leurs feuilles immenses et leur floraison violacée ont un charme fou. Ils transforment visuellement un paysage en deux ou trois ans. Mais, comme le dit très bien un pépiniériste interrogé : « À vouloir vendre un arbre comme un bitcoin vert, on finit forcément par décevoir. » On ne plante pas du Paulownia comme on planterait un arbuste d’ornement. Il demande de l’eau, de l’entretien, un sol adapté et beaucoup de vigilance.
La vraie question n’est donc pas de savoir s’il est « magique », mais de connaître la pertinence de sa plantation. Et vous, planteriez-vous cet arbre spectaculaire pour redonner vie à vos terrains ou préférez-vous rester prudents face à ses promesses ? Dites-le-nous en commentaire : cliquez ici pour publier un commentaire . Et, si une erreur s’est glissée, vous pouvez également nous en faire part !