
Chaque année, le monoxyde de carbone (CO) est responsable de près de 3 000 visites aux urgences et de plus de 1 000 décès rien qu’en France. Jusqu’à présent, le seul traitement disponible pour éliminer ce gaz dans l’organisme consistait à administrer aux patients de l’oxygène pur, souvent dans une chambre hyperbare. Il s’agit malheureusement d’une méthode lente. Mais grâce à une équipe de chercheurs de l’Université du Maryland School of Medicine (UMSOM), la donne est peut-être sur le point de changer. Le Dr Jason J. Rose et son équipe annoncent avoir conçu le premier antidote capable de neutraliser rapidement le monoxyde de carbone présent dans le sang. Leur étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), montre notamment son efficacité dans les globules rouges.
Sauver des vies avec une protéine reformulée
Au cœur de cette innovation se trouve une protéine bactérienne appelée RcoM, naturellement présente dans la bactérie Paraburkholderia xenovorans. Dans son environnement d’origine, cette protéine détecte les traces de monoxyde de carbone dans l’espace au sein duquel le microorganisme évolue. Les scientifiques ont eu l’idée de la reprogrammer pour qu’elle agisse comme une « éponge moléculaire » pour traquer et capturer les molécules de CO dans le sang humain. Ils ont alors créé une version modifiée nommée RcoM-HBD-CCC. Cette molécule remaniée impressionne par ses capacités. Elle est en mesure de se lier sélectivement et fermement au monoxyde de carbone, tout en ignorant les autres molécules vitales comme l’oxygène (O₂) et l’oxyde nitrique (NO).
Une urgence médicale enfin mieux maîtrisée ?
L’intoxication au CO est particulièrement dangereuse car elle survient généralement sans signes avant-coureurs. Elle est souvent due à une exposition prolongée au propane ou aux gaz naturels qui peuvent s’accumuler dans les espaces mal ventilés. Une fois dans le corps, le gaz se lie à l’hémoglobine avec une affinité beaucoup plus élevée comparée à l’oxygène, empêchant ainsi le transport de ce dernier vers les organes vitaux comme le cerveau et le cœur. En quelques minutes, une concentration élevée peut provoquer une perte de conscience, des lésions irréversibles, voire la mort. Le traitement actuel, basé sur l’oxygénothérapie, est loin d’être idéal. Il faut en général plus d’une heure pour se débarrasser du CO du corps, et près de la moitié des survivants souffrent de séquelles neurologiques ou cardiaques à long terme.
Une avancée à large impact
C’est dans ce contexte que cette nouvelle technique pourrait transformer radicalement la prise en charge des patients. Les premiers tests sur des rats ont montré des résultats prometteurs. L’antidote a permis d’éliminer le CO du sang en quelques minutes seulement. Les molécules capturées ont été évacuées de l’organisme sans danger à travers l’urine. Cette rapidité d’action pourrait faire toute la différence dans les situations critiques, où chaque seconde compte. Bien que les essais cliniques sur l’homme soient encore à venir, les chercheurs sont optimistes.
Si les résultats se confirment, cette thérapie pourrait devenir un outil essentiel dans les services d’urgence, les hôpitaux, voire les kits de premiers secours pour les pompiers et les travailleurs exposés au risque d’intoxication. Plus d’infos : pnas.org. Que pensez-vous de cette recherche qui permettrait d’améliorer la prise en charge de patients intoxiqués au monoxyde de carbone ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .