
La semaine dernière, j’ai croisé un voisin un brin aigri que je ne citerai pas ! C’est le genre à râler sur tout ce qui dépasse d’une bordure. Cette fois, il pestait contre l’état des trottoirs de notre rue, selon lui bien plus propres « à l’époque » soit il y a une dizaine d’années. Il n’avait pas tort… mais c’était surtout avant l’interdiction des désherbants chimiques et la Loi Labbé. En effet, les particuliers n’ont plus le droit d’acheter, stocker ou utiliser ces produits trop toxiques pour les sols, les nappes phréatiques et même l’air ambiant. Pour preuve, cette réglementation est consultable sur le site de l’Office Français de la Biodiversité. Ce même voisin, que j’ai vu trois jours plus tard vider un flacon suspect dans ses allées, n’a visiblement pas eu vent de cette loi… ou feint l’ignorance. Allez, on reprend les bases, et sans produits dangereux, promis.
Fait maison ne veut pas dire inoffensif
Depuis que les désherbants chimiques sont interdits, beaucoup se sont tournés vers des solutions « maison », glanées sur Internet ou transmises par un oncle soi-disant jardinier de père en fils. Eau de javel + vinaigre blanc ? Un classique… aussi dangereux qu’inefficace. Mélangez les deux et vous obtenez du chlore gazeux, une substance toxique responsable d’intoxications parfois graves. Selon une note de l’Anses, 203 cas d’intoxications liées à ces mélanges ont été recensés en France de 2019 à 2023, dont cinq hospitalisations et trois passages en réanimation. Pas mal pour un geste « écologique », non ? Et, attention, même les mélanges à base de sel ou d’acide chlorhydrique, parfois recommandés pour leur côté radical, ont des effets dévastateurs sur les micro-organismes du sol, les plantes alentour et la qualité de l’eau. Il me semble bien que ce voisin mauvais coucheur utilise de l’acide chlorhydrique sur les allées : radical, mais bonjour la pollution des sols !
Des alternatives naturelles, testées et approuvées
Heureusement, jardiner sans pesticides, ce n’est pas mission impossible. De nombreuses techniques existent et elles ont le mérite d’être à la fois écologiques et sans danger pour la santé :
- Désherbage thermique : à la flamme ou à l’eau bouillante, efficace sur les jeunes pousses.
- Bicarbonate de soude : saupoudré entre les dalles, il limite la repousse.
- Paillage : il étouffe les mauvaises herbes tout en gardant l’humidité du sol.
- Désherbage manuel ou mécanique : plus long, certes, mais bon pour les bras (et la conscience).
- Vinaigre blanc pur : à petite dose et loin des plantations, il peut être utile, mais attention au dosage !
- Huiles essentielles d’orange douce ou d’eucalyptus : utilisées dans certains désherbants de biocontrôle.
Ces méthodes ne donnent pas toutes des résultats immédiats, mais elles évitent surtout de polluer durablement nos sols et nos poumons.
Un cadre légal strict et des amendes qui piquent
Si vous hésitez encore, sachez que l’interdiction des pesticides chimiques n’est pas symbolique. Depuis 2017, les collectivités n’ont plus le droit d’en utiliser sur les espaces publics. Et, depuis 2019, c’est également interdit aux particuliers. En 2022, la réglementation s’est même élargie à tous les lieux privés recevant du public. Vous avez encore un vieux bidon au fond du garage ? Vérifiez sur le site de l’ANSES – Ephy si son utilisation est toujours légale. Sinon, direction la déchèterie. En cas de contrôle, vous risquez jusqu’à 150 000 € d’amende et six mois de prison. Oui, même si c’est juste « pour la cour de derrière ». Et, pour ceux qui espèrent passer à travers les mailles du filet, les inspecteurs de l’environnement de l’OFB ont le droit d’effectuer des perquisitions, même dans les domiciles, s’ils suspectent une infraction.
Autant dire que pulvériser en douce est une très mauvaise idée. Cher voisin, si tu me lis, méfiance quand même ! Aujourd’hui, la biodiversité a besoin de ces petites zones de respiration. Abeilles, papillons, vers de terre… tous y trouvent refuge. Alors oui, c’est moins net, mais c’est plus vivant. Et, en prime, c’est totalement légal ! En bonus, on redécouvre des plantes sauvages comestibles ou médicinales qu’on arrachait sans même les connaître. Et vous, plutôt du genre à traquer les herbes folles ou à leur laisser, comme moi, une chance de pousser sans danger ? Une réaction, un retour, une anecdote à partager ? Cliquez ici pour publier un commentaire . On lit tout avec attention ! Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !