Des écologistes ont-ils réellement largué des vipères dans les montagnes par hélicoptère ?

Des serpents tombés du ciel, déposés par hélicoptère au-dessus des champs occitans : une rumeur tenace qui, depuis un demi-siècle, refuse obstinément de mourir.

L’image a de quoi surprendre : une caisse ouverte sur l’herbe, des serpents qui s’en échappent, et un hélicoptère en arrière-plan qui semble livrer d’autres reptiles par cargaisons entières. Depuis quelques jours, cette scène circule sur les réseaux sociaux, relançant une vieille rumeur : celle des lâchers de vipères par des écologistes. Un mythe qui traîne depuis plus de cinquante ans dans les campagnes occitanes et qui, malgré les démentis répétés des spécialistes, continue de ressurgir régulièrement. Cette fois-ci, c’est une image générée par l’intelligence artificielle qui ravive le débat. Mais, alors, pourquoi cette rumeur de lâchers de serpents refuse-t-elle de s’éteindre ? Décryptage.

La rumeur des vipères en Occitanie

Tout commence dans les années 1970-80, lorsque certains habitants de l’Aveyron, du Lot ou encore du Tarn-et-Garonne jurent avoir vu des hélicoptères déverser des caisses de vipères dans leurs champs. En 1981, un article de Libération relayait même le témoignage de deux témoins persuadés d’avoir assisté à une telle scène. La rumeur s’enflamme : pour certains, il s’agit d’une stratégie des écologistes visant à restaurer un équilibre naturel en réintroduisant ces reptiles pour contrôler les populations de rongeurs ou servir de proies aux rapaces. Comme souvent, le bouche-à-oreille fait le reste, et la légende prend racine.

Une vipère en gros plan.
La vipère peut effrayer de nombreuses personnes et cette rumeur sert à cela. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Une arme pour discréditer les écologistes ?

En réalité, cette histoire tombe dans un contexte social et politique particulier. Les campagnes se vidaient, la nature reprenait ses droits, et les jeunes militants écologistes étaient de plus en plus visibles dans les débats publics. Dans un article publié sur France 3, la sociologue Véronique Campion-Vincent, qui a étudié la question dès 1990, explique que la vipère est devenue une métaphore : celle d’une nature inquiétante, défendue par des militants considérés comme « déconnectés du réel ». Bref, plus qu’une histoire de serpents, c’était une façon de décrédibiliser un mouvement émergent. Et, si aujourd’hui, le mythe resurgit via une image générée par IA, c’est parce qu’il fait appel à des peurs profondément ancrées.

Ce qu’il faut retenir de l’affaire

  • La rumeur existe depuis plus de 50 ans et revient régulièrement.
  • Aucun lâcher de vipères n’a jamais été prouvé.
  • Elle s’explique par un contexte social et politique précis.
  • Les serpents souffrent d’une mauvaise image dans la culture populaire.
  • Les écologistes furent souvent pris pour cibles via ce mythe.
Une vipère en pleine nature.
La mauvaise image de la vipère dans l’inconscient collectif amplifie la rumeur. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Des vipères larguées par hélicoptère : mythe ou réalité ?

Soyons clairs : malgré les témoignages, les photos floues et désormais les images créées par l’IA, aucune preuve tangible de lâchers de vipères n’a jamais été apportée. Les scientifiques, les associations de protection de la faune et les services publics de l’environnement ont tous nié l’existence d’un tel programme. En réalité, ce type de rumeur illustre surtout notre rapport compliqué avec certains animaux jugés « dangereux ». La vipère est mal-aimée, associée à la peur, au danger et à la mort, comme le rappelle la psychologue Laurent Bègue-Shankland dans ses travaux. Bref, le serpent n’a pas bonne presse, et c’est peut-être pour cela qu’il continue d’alimenter les fantasmes. Alors, êtes-vous de ceux qui croient encore aux caisses de vipères larguées par hélicoptère, ou trouvez-vous cette rumeur totalement insensée ? Ce sujet vous fait réagir ? Partagez vos idées ou votre vécu, cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !

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Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

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