Frelons asiatiques : c’est exponentiel, chaque nid non détruit, c’est 10 nouveaux au printemps

Et si ce petit nid apparemment tranquille au fond du jardin devenait, quelques mois plus tard, une véritable usine à frelons ?

5 éléments à retenir
  • Un nid non détruit peut donner naissance à 10 nouveaux nids au printemps.
  • Les nids peuvent atteindre 2 500 frelons en fin d’automne.
  • Le frelon asiatique a très peu de prédateurs en France.
  • Il est responsable de fortes pertes dans les ruchers.
  • Aucune méthode officielle de lutte n’est validée nationalement.

Le 18 novembre dernier, une question écrite du député Daniel Grenon alertait officiellement la ministre de la Transition écologique sur les conséquences délétères de la prolifération du frelon asiatique en France. La publication est consultable sur le site de l’Assemblée nationale via cette question parlementaire. Et, il faut dire que l’inquiétude est légitime : l’automne 2025 a été tellement doux que les nids de frelons asiatiques sont restés actifs bien plus longtemps que d’habitude, comme l’explique un reportage France 3. Résultat : des nids gigantesques, parfois jusqu’à 2 500 individus, encore occupés en novembre. Et, à Réau, mon village de Seine-et-Marne comme ailleurs, le raisonnement est simple : si un nid n’est pas détruit, dix nouveaux apparaîtront au printemps suivant. Quand on sait que les frelons asiatiques sont des exterminateurs d’abeilles et qu’ils peuvent aussi être dangereux pour nous, humains, ou nos animaux, on comprend vite pourquoi la lutte est devenue urgente. Petit tour d’horizon des dangers que représentent les frelons asiatiques, et d’une potentielle loi qui peine à être votée. Décryptage.

Pourquoi la prolifération s’accélère ?

L’un des premiers problèmes, c’est évidemment le climat. Comme le rappelle France Télévisions dans cet article, l’automne très doux de 2025 a permis aux colonies de rester actives beaucoup plus longtemps que prévu. Or, un nid actif en novembre est un nid dans lequel se trouvent encore des dizaines, parfois des centaines de futures reines. Chacune d’elles, au printemps, peut fonder un nouveau nid. D’où le fameux ratio : un nid non détruit = jusqu’à dix nids nouveaux au printemps. La situation n’est pas nouvelle : les spécialistes alertent depuis des années, et dans cet article, nous vous en parlions déjà. L’inaction pendant l’automne, c’est assurer une explosion de population au printemps. Autre difficulté : contrairement à ce que l’on pense, détruire un nid en hiver n’est pas forcément utile. Les reines sont déjà parties se cacher ailleurs. C’est donc maintenant, en automne ou au tout début du printemps, qu’il faut intervenir.

Un nid de frelons asiatiques dans un arbre.
Comment réagir et qui alerter si l’on découvre un nid de frelons asiatiques ? Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Des méthodes de lutte mais aucune liste officielle validée

Il existe aujourd’hui une multitude de techniques de lutte : piégeage des fondatrices, destruction des nids, appâts protéinés, harpes électriques, drones d’observation, poudre insecticide projetée dans le nid… Et pourtant, aucune de ces méthodes ne bénéficie d’un cadre national précis, ni d’une liste officielle d’efficacité validée.
L’INRAE le rappelle d’ailleurs dans son travail de recherche : dans cette étude, les chercheurs travaillent sur des techniques d’identification et de suivi des individus, mais reconnaissent que la lutte reste extrêmement complexe.

Le ministère de l’Agriculture, lui, publie des recommandations générales sur la lutte contre le frelon asiatique, accessibles sur agriculture.gouv.fr. Mais, ces recommandations restent générales : aucun protocole unique, aucune méthode obligatoire, aucun cadre harmonisé. Et, sur le terrain, chacun s’adapte comme il peut. En Seine-et-Marne, je peux témoigner : chaque professionnel a sa technique, ses outils, ses habitudes. Résultat : efficacité variable, coûts différents, et souvent des habitants un peu démunis qui appellent les mairies en quête de solutions qu’elles ne possèdent pas elles-mêmes !

Un nid primaire et un nid principal de frelons asiatiques.
Un nid primaire et un nid principal de frelons asiatiques. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Ce qu’il faut retenir sur les nids de frelons asiatiques

Juste avant de rentrer dans le détail, je peux vous dire une chose : quand on commence à comprendre le fonctionnement d’un nid de frelons asiatiques, on réalise à quel point la situation peut devenir incontrôlable en quelques semaines. Les professionnels le répètent souvent : ce n’est pas un insecte qui « s’installe » pour passer l’hiver : c’est une colonie qui prépare une véritable armée pour l’année suivante. Concrètement, voici ce qu’il faut retenir :

  • Un nid visible à l’automne est encore actif, même en novembre.
  • Chaque nid peut contenir jusqu’à 2 500 individus.
  • Une seule colonie peut produire plusieurs centaines de reines.
  • Détruire un nid maintenant évite jusqu’à 10 nouveaux nids au printemps.
  • Ne jamais intervenir seul : le danger est réel.
Un nid de frelons asiatiques détruit.
Un nid de frelons asiatiques détruit. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Et, après ça, on comprend vite pourquoi laisser un nid en place “en attendant l’hiver” est une très mauvaise idée. Une seule intervention bien faite peut littéralement éviter une explosion de populations l’année suivante, et protéger tout un quartier : humains, animaux et pollinisateurs compris. Si chacun agissait dès qu’un nid est découvert, la situation serait bien plus simple à maîtriser.

Le saviez-vous ?

Une reine de frelon asiatique peut pondre jusqu’à 100 œufs par jour en pleine saison.

Un danger bien réel pour la biodiversité… et pour nous

Le frelon asiatique n’a quasiment aucun prédateur naturel en France. En revanche, lui est un formidable prédateur : il décime les abeilles, attaque les ruchers, dérègle les écosystèmes. La fiche complète et très détaillée publiée par Ouest-France dans ce dossier explique parfaitement son cycle de vie et sa méthode d’attaque. Et, si son agressivité envers l’humain est souvent exagérée, il reste un risque réel : les attaques sur humains se multiplient lorsque l’on s’approche à moins de 5 mètres du nid. Une seule piqûre peut provoquer un choc anaphylactique chez les personnes allergiques.
Dans ma commune, lorsque nous avons dû faire détruire un nid proche d’un sentier utilisé par les enfants, je peux dire que personne ne nous en a voulu, ni les parents, ni les plus écologistes d’entre nous… C’était une question de nécessité, pas de « confort » !

Le combat d'un frelon asiatique contre une abeille.
Le combat d’un frelon asiatique contre une abeille. Crédit photo : Pascal Latruffe, photographe animalier

Pourquoi agir avant l’hiver change tout ?

Détruire un nid fin novembre ou début décembre, lorsqu’il est encore actif, permet de neutraliser directement les futures reines, comme l’explique France 3.
Un nid détruit = des centaines de reines éliminées = un printemps plus calme.
Un nid laissé en place = des dizaines de nids nouveaux = une explosion exponentielle.
C’est pour cela que les professionnels répètent sans cesse : intervenir tôt, c’est limiter l’invasion. Et, franchement, quand on sait combien les apiculteurs souffrent déjà, cela fait réfléchir. Moi qui adore observer les abeilles butiner dans mon jardin, je ne peux qu’encourager une action précoce et massive.

La lutte contre les frelons asiatiques est primordiale si nous voulons préserver la biodiversité, mise à mal par ces nuisibles.
La lutte contre les frelons asiatiques est primordiale si nous voulons préserver la biodiversité, mise à mal par ces nuisibles. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Une question soulevée depuis 2023, pour le moment sans réponse !

Le député Frédéric Valletoux, ex-ministre de la Santé, soulève inlassablement la question de la lutte contre le frelon asiatique depuis 2023, comme nous vous l’expliquions dans cet article, mais aucune réponse concrète n’a encore émergé. Pendant que les débats traînent, les nids se multiplient. Et, pendant ce temps, nos apiculteurs se battent presque seuls pour protéger leurs ruches, leurs abeilles et, par ricochet, toute notre chaîne alimentaire. Les soutenir, c’est défendre nos pollinisateurs et préserver l’équilibre fragile dont dépend notre biodiversité. Alors, pensez-vous qu’une stratégie nationale structurée verra enfin le jour pour stopper la progression du frelon asiatique ? Ce sujet vous fait réagir ? Partagez vos idées ou votre vécu, cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !

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Via
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Source
France3-regions.franceinfo.fr

Méline Kleczinski

Jeune journaliste de 23 ans, j'écris depuis trois ans, avec une préférence pour les domaines liés à l'actualité, à la psychologie, aux études scientifiques, ou à la protection et l'environnement dans son ensemble. Mon petit parcours de rédactrice junior s'inspire de différentes études scientifiques, ou de sujets d'actualité abordés dans différents médias que je suis avec intérêt. Particulièrement touchée par la protection des animaux, j'aime vous transmettre les avancées et les lois relatives au bien-être animal. Personnellement engagée comme présidente d'une association, je mets un point d'honneur à protéger les animaux de toute nature (hérisson, abeilles, insectes, chiens ou chats)...… Voir plus »

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