
Vous avez peut-être déjà râlé en passant devant un coin d’herbe « un peu trop haut » dans un parc ou le long d’une route, pensant à un oubli d’entretien. Rassurez-vous (ou pas) : ce n’est pas de la négligence, mais un choix parfaitement assumé. Il s’agit de tonte raisonnée, une pratique adoptée par de nombreuses collectivités depuis quelques années, notamment à la suite de la loi Labbé entrée en vigueur en 2017, qui interdit les produits phytosanitaires dans les espaces verts publics. Une mesure qui bouscule un peu nos habitudes visuelles… mais qui a beaucoup de sens, à commencer par celui du vivant. Décryptage de cette tonte raisonnée qui séduit ou qui agace…
Moins tondre, ce n’est pas moins entretenir
La tonte raisonnée, c’est tout sauf un « abandon de poste ». L’idée est simple : on tond moins souvent, et surtout, pas tout. Cela permet de laisser pousser des herbes hautes, favorisant la biodiversité, tout en maintenant des zones dégagées pour circuler ou s’installer. Vous verrez souvent des bandes tondues sur les bords de pelouses ou en forme de chemin, un peu comme une piste d’atterrissage pour les promeneurs. Les jardiniers ne disparaissent pas : ils interviennent autrement, selon la météo et les saisons, parfois en fauchant une seule fois par an à l’automne. Et, toujours sans pesticides ni herbicides. En résumé : le geste est réfléchi, pas fainéant. Il s’agit d’un changement de logique, pas d’un relâchement. C’est aussi une obligation légale que de ne plus utiliser de produits chimiques pour le désherbage… Alors, certes, les jardins ne sont plus taillés au cordeau, mais la planète respire un peu mieux !
Une herbe haute pleine de vie
Sous ses airs de jungle miniature, une prairie haute est en réalité un véritable refuge pour la biodiversité. Les plantes peuvent y pousser, fleurir, fructifier, et ainsi nourrir toute une chaîne de petites (et grandes) bêtes. Rien qu’en laissant pousser un carré de trèfles, on favorise les papillons, les criquets… et donc les oiseaux qui s’en nourrissent. À Réau par exemple, une prairie fleurie a été semée au printemps dans le hameau de Villaroche. Elle commence à fleurir, les bleuets attirent déjà les insectes, et si le test s’avère concluant, d’autres zones similaires verront le jour l’an prochain. Une belle façon d’associer écologie et bon sens rural, tout en soulageant les services techniques d’un entretien hebdomadaire pas toujours indispensable. Quant au visuel, cela semble un peu moins « carré » mais qu’il est agréable de photographier un bourdon ou un papillon venu se délecter des différents nectars !
Les bienfaits concrets d’une tonte raisonnée
Avantage | Détail |
Préservation de la biodiversité | Faune et flore retrouvent leur cycle naturel |
Protection des insectes pollinisateurs | Essentiel pour l’équilibre écologique |
Retour de certaines espèces d’oiseaux | Nourriture disponible et habitats adaptés |
Réduction des îlots de chaleur | Les herbes hautes conservent mieux l’humidité |
Moins de travail intensif pour les agents | Entretien plus espacé, mais toujours rigoureux |
Moins de pollution | Plus de produits chimiques, ni pour les sols ni pour l’air |
Désherber à l’ancienne : un geste plus lent… mais plus vertueux
On pourrait croire que tout pousse n’importe comment. Mais, depuis l’interdiction des produits phytosanitaires, les communes doivent composer avec de nouvelles méthodes d’entretien. À Réau ma commune, par exemple, le désherbage se fait à la main ou par méthode thermique. Plus long, certes, mais bien plus respectueux des nappes phréatiques… et de la santé des agents, qui ne sont plus exposés à des produits toxiques. Comme l’expliquait la commune dans ce post Facebook : « le bon vieux temps où un seul agent désherbait tout avec un pulvérisateur ? Révolu ». Aujourd’hui, c’est plus lent, mais plus bénéfique pour la planète, les agents… et nos enfants. Je crois que cette prairie fleurie était l’un de mes premiers souhaits lorsque j’ai commencé ma vie d’élue et je suis heureuse de le voir se concrétiser. Quant à certains voisins qui se plaignent d’un mauvais entretien, la loi Labbé est mon alliée !
Une question d’adaptation collective
Accepter la tonte raisonnée, c’est aussi changer notre regard sur l’esthétique urbaine. Il faut du temps pour admettre qu’une herbe haute n’est pas une faute de goût, mais un acte volontaire de respect du vivant. C’est un peu comme accepter une frange qui repousse : cela dérange un peu au début, mais cela repousse plus fort… et plus sain. Et, puis, ce n’est pas parce que c’est “naturel” que ce soit « laissé à l’abandon ». Les jardiniers d’aujourd’hui ne sont pas moins actifs, ils sont simplement plus stratèges, plus attentifs, et plus responsables. Et, s’ils ont besoin d’un petit coup de main, c’est parfois juste en nous demandant… un peu de bienveillance et aussi d’entretenir devant chez soi ! Et vous, que pensez-vous de la tonte raisonnée et des prairies fleuries en ville : belle initiative ou herbes qui dérangent ? Et vous, que pensez-vous de cette solution ? Dites-le-nous en commentaire : cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !