
En France, les arrêts cardio-respiratoires sont la seconde cause de mortalité selon le ministère de la Santé, avec près de 400 décès chaque jour ! La réanimation de ces victimes est donc absolument essentielle. Cependant, parfois, insuffler de l’air par les orifices classiques, et notamment le nez et la bouche, est impossible ! On se souvient encore de ce que j’écrivais dans cet article sur René-Antoine de Réaumur, ce médecin du XVIIIᵉ siècle persuadé qu’il fallait réanimer les noyés en leur soufflant dans le postérieur. L’idée prêtait à sourire, et pourtant, plusieurs siècles plus tard, la science revient sur le même chemin, si je puis dire. En effet, selon une étude publiée dans la revue Med, des chercheurs japonais et américains viennent d’achever le premier essai clinique humain visant à tester une méthode baptisée ventilation entérale, autrement dit : apporter de l’oxygène à l’organisme par voie rectale. Étrange, mais peut-être prometteur ? Décryptage.
Une première expérience sur 27 volontaires
Cette étude est dirigée par le Cincinnati Children’s Hospital, une équipe qui avait déjà remporté le fameux IgNobel Prize 2024, récompensant les découvertes scientifiques « qui font rire, puis réfléchir ». Et, cette fois, la plaisanterie semble bel et bien tournée au sérieux, comme le rapporte le site ScienceBlog. Lors de ce test clinique, les chercheurs ont recruté 27 hommes japonais âgés de 20 à 45 ans, afin de tester la tolérance et la sécurité de cette étonnante méthode. Le principe ? Administrer dans le rectum un liquide nommé perfluorodécaline, connu pour ses excellentes capacités à transporter l’oxygène. Chaque participant devait retenir jusqu’à 1,5 litre du liquide pendant une heure. Résultat : vingt volontaires ont tenu jusqu’au bout de l’expérience, avec seulement quelques effets secondaires bénins comme des ballonnements.
Aucun trouble hépatique ni rénal n’a été observé, et les constantes vitales sont restées normales. Autrement dit, la procédure est jugée « sûre et bien tolérée ». Les chercheurs expliquent que c’est une première étape avant de tester l’efficacité réelle de cette voie d’oxygénation alternative, notamment chez les patients souffrant de détresse respiratoire aiguë ou d’obstruction des voies aériennes. Je trouve quand même assez fou de se dire que ce qui passait pour une technique farfelue du Moyen Âge pourrait devenir une solution d’urgence pour sauver des vies.
Ce qu’il faut retenir de la ventilation entérale
Élément | Détail |
Principe | Administration d’un liquide capable de transporter l’oxygène directement dans le rectum. |
Substance utilisée | Perfluorodécaline (liquide perfluoré hautement oxygénable). |
Participants | Vingt-sept hommes volontaires, âgés de 20 à 45 ans. |
Résultats | Tolérance excellente, aucun effet indésirable grave. |
Applications possibles | Aider les patients en insuffisance respiratoire sévère. |
Origine de l’idée | Observation de poissons capables d’absorber l’oxygène via leur intestin. |
Prochaines étapes | Étudier la quantité d’oxygène réellement transférée au sang. |
De l’absurde à la science appliquée
Quand j’avais évoqué l’étude japonaise sur les mammifères capables de respirer par voie rectale, beaucoup avaient souri, moi la première. Mais, aujourd’hui, les chercheurs de l’université d’Osaka, soutenus par les États-Unis, confirment que cette approche autrefois moquée pourrait éviter l’intubation ou soutenir les poumons fragilisés lors d’un sevrage respiratoire. On doit cette idée à l’observation d’un poisson benthique capable d’absorber l’oxygène via son intestin quand l’eau est appauvrie. En adaptant ce mécanisme à l’homme, la science explore un moyen inédit de pallier la défaillance pulmonaire sans machine, ni ventilation invasive.
Comme quoi, entre la médecine du Moyen-Âge et la biotechnologie moderne, il n’y a parfois qu’un (petit) orifice de différence ! Et vous, seriez-vous prêt à laisser la science vous redonner de l’air par un chemin aussi inattendu qui normalement en expulse si vous voyez ce que je veux dire ? Et vous, que pensez-vous de cette solution ? Dites-le-nous en commentaire : cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !