- Une bouteille écrasée n’est plus recyclée.
- Les machines reconnaissent la forme de la bouteille.
- Écraser = erreur de tri assurée.
- Laisser intacte et bouchon vissé, c’est le bon geste.
- Ce gain de place ruine tout le recyclage.
- Une bouteille aplatie finit souvent en déchet refusé.
En 2025 nous parvenons à recycler 69 % de nos emballages, soit 3,7 millions de tonnes de déchets, selon Citeo. C’est bien, mais cela pourrait être davantage si nous perdions l’habitude d’écraser nos bouteilles en plastique ! Oui, vous avez bien lu ! Alors que l’on nous recommandait, il y a quelques années, de les aplatir pour les recycler, c’est aujourd’hui contre-productif ! En réalité ce petit geste anodin, qui, on ne va pas se mentir, nous fait gagner de la place dans la poubelle jaune, perturbe tout le système de recyclage. Avant de vous raconter comment une de mes bouteilles de soda a traumatisé un centre de tri entier, revenons sur une règle que certains appliquent encore par automatisme : ne jamais écraser une bouteille plastique avant de la jeter. Et, vous allez voir que la raison n’a rien d’un caprice administratif mais repose sur la technologie même du tri automatisé. Chaque année, près de 15 milliards de bouteilles en plastique sont mises sur le marché en France selon surfrider.fr, il est donc important de les recycler correctement. Explications.
Comment sont triées nos bouteilles plastique ?
Imaginez un tapis roulant géant, des machines qui scannent à la vitesse de l’éclair et des bras mécaniques qui écartent les déchets comme dans un film futuriste. Le tri moderne repose sur des lecteurs optiques qui identifient les bouteilles grâce à leur forme. Nous nous posions déjà la question dans cet article, mais à l’époque, la réponse était encore nuancée : certains centres de tri acceptaient, d’autres non. Aujourd’hui, et même s’il n’existe pas de « guide officiel national », c’est non ! On n’écrase plus les bouteilles en plastiques ! En effet, si les bouteilles restent intactes, elles sont alors reconnaissables entre mille, et passent ainsi sans encombre sous les lasers qui détectent leur matériau : PET transparent, PET coloré ou PEHD. À l’inverse, une bouteille écrasée n’a plus du tout la même silhouette.
Au lieu d’un cylindre, on obtient une plaque informe, irrégulière, parfois même repliée sur elle-même. Et, là, c’est la catastrophe. Le capteur optique ne reconnaît plus la bouteille. Elle est alors :
- Soit comptée comme un autre déchet,
- Soit rejetée par la machine,
- Soit envoyée dans la mauvaise filière.
L’ADEME l’explique très clairement dans ses recommandations sur le tri, elle précise qu’il est possible de l’aplatir mais pas de la compresser du culot au goulot ! En clair, une bouteille écrasée risque… de ne jamais être recyclée, même si vous l’avez consciencieusement déposée dans votre bac jaune.
« Oui mais cela prend moins de place dans la poubelle ! »
Je vous vois venir. Moi aussi j’utilisais cet argument. Dans ma cuisine pourtant assez grande, le bac jaune débordait tous les deux jours avec des ados accros aux boissons sucrées ! Alors écraser les bouteilles, ça me semblait logique. Pratique. L’astuce parfaite. Sauf que non. Dans cet autre article, je vous parlais de TheLxshGrier, dont le parrain est éboueur, qui demandait tout simplement d’arrêter la compression des bouteilles ! De plus, les centres de tri sont conçus pour gérer des volumes énormes et ils compactent de toute façon les déchets à leur arrivée. L’espace que vous gagnez chez vous ne change donc rien au transport ni au stockage industriel. En revanche, cela change beaucoup de choses pour la lecture optique. Une bouteille compressée = une bouteille qui risque d’échapper au recyclage. Et, outre le non-recyclage, vous allez découvrir qu’une bouteille écrasée peut malmener les installations des centres de tri ! J’ai interrogé un ami qui travaille au centre de tri de Vaux-le-Pénil, pour lui, 90 % des bouteilles écrasées ne sont pas recyclées. C’est dommage, non ?

Quels problèmes concrets posent les bouteilles écrasées ?
Dans cet article, nous vous en parlions, mais à l’heure où nos déchets s’accumulent, je vais pousser un peu plus loin cette réflexion. Voici les principaux effets documentés par les opérateurs de tri :
- Perte de reconnaissance dans les machines : les équipements détectent les formes standards. Une bouteille aplatie passe à côté des capteurs. L’erreur devient automatique.
- Mauvais tri par matériau : les bouteilles PET transparentes sont très recherchées pour le recyclage en boucle fermée (exemple : nouvelles bouteilles). Une forme écrasée peut envoyer le déchet dans le flux « refus » ou dans une matière qui n’a rien à voir.
- Pollution des balles compactées : le centre de tri met sous presse des balles de plastique homogènes. Un intrus mal classé peut rendre une balle entière inexploitable, ce qui représente des centaines de kilos de matière gâchée.
- Travail humain supplémentaire : quand une bouteille écrasée est repérée à la main, elle doit être retirée du flux, vérifiée et replacée. À l’échelle de milliers de tonnes, ce geste répété ralentit toute la chaîne.
Autant dire que chaque erreur de tri n’améliore pas la situation… Passons maintenant aux bons gestes de tri des bouteilles en plastique, ce n’est pas très compliqué !

Quels sont donc les bons gestes pour recycler vos bouteilles en plastique ?
Avant de jeter vos bouteilles, il suffit d’adopter quelques gestes simples qui peuvent vraiment faire la différence dans la filière de recyclage.
- Ne pas écraser la bouteille.
- L’écraser légèrement uniquement dans le sens vertical si votre commune l’autorise (cela conserve sa forme).
- Laisser le bouchon vissé : aujourd’hui, il se recycle avec la bouteille.
- Vider mais ne pas rincer : cela économise l’eau.
- Déposer dans le bac jaune, même si vous avez des doutes sur le type de plastique.
- Ne pas mettre de sacs fermés : les centres de tri n’ouvrent plus les sacs noirs ou opaques.
Avec ces quelques réflexes, vos bouteilles ont beaucoup plus de chances d’être correctement reconnues, triées et réellement recyclées.
Pourquoi certaines communes conseillaient-elles l’écrasement ?
Très bonne question. Et comme vous le savez, j’aime comprendre le pourquoi du comment, surtout quand on me dit que tout a changé. Pendant longtemps, les communes demandaient effectivement d’écraser les bouteilles. Mais c’était avant l’arrivée des technologies de tri actuelles. À l’époque, tout était séparé beaucoup plus manuellement. Compacter les déchets facilitait le transport et évitait que les bacs débordent. Mais depuis que la quasi-totalité des centres sont équipés de trieurs optiques, que les consignes de tri sont uniformisées sur quasiment tout le territoire, et que les bouchons font partie intégrante du recyclage, la règle a changé. Aujourd’hui, la forme cylindrique est essentielle pour la lecture optique.
Alors faut-il arrêter d’écraser les bouteilles plastique ?
Oui. Sans hésiter. Ce geste, qu’on pensait malin et pratique, fait en réalité plus de mal que de bien au recyclage. Et, quand on connaît l’impact colossal du tri sur la réduction des déchets, difficile de continuer à faire comme avant. Croyez-moi, moi qui suis pourtant la reine pour optimiser l’espace dans mes placards de cuisine, j’ai revu mes habitudes. Et vous, est-ce que vous écrasiez encore vos bouteilles avant de lire ceci ? Dites-le-nous en commentaire : cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !