Stella McCartney, conseillère de LVMH et créatrice au service de la planète

Elle vient de triompher au défilé automne-hiver de la Fashion week de Paris. En presque 25 ans de carrière, Stella McCartney s’est hissée au firmament de la mode, où elle est désormais vue comme l’une des créatrices les plus innovantes. Elle a signé récemment un partenariat avec LVMH, signe d'un changement d'époque dans le secteur du luxe.

Avant d’en arriver à ce degré de reconnaissance, la styliste anglaise a d’abord dû se faire un prénom. Stella McCartney est née il y a 48 ans des amours de son Beatle de père avec la photographe et musicienne américaine Linda Eastman. Si les dieux de la musique se sont penchés sur son berceau, elle a bien failli connaître un destin tragique suite à l’accouchement prématuré de sa mère. Un épisode qui a convaincu Paul, après avoir prié les anges pour une issue favorable, de baptiser Wings le groupe qui confirmera son statut de légende de la musique.

Mais c’est dans un autre domaine que Stella a rapidement décidé de s’investir : celui de la mode. Elle a 12 ans lorsqu’elle confectionne sa première veste. 24 quand elle lance sa première collection, avant d’être recrutée par Chloé comme directrice artistique. En 2001, elle crée sa propre maison. La suite est une ascension triomphale, qui la verra aussi bien habiller l’équipe britannique aux JO de Londres que collaborer avec des marques grand public comme L’Oréal, H&M ou Adidas. Tout en gardant une place de choix dans le coeur des fashionistas.

Une créatrice connue pour ses engagements

Au-delà de ses coups de ciseaux et de ses accessoires, la styliste est aussi connue pour ses engagements, sur les podiums et en dehors. Son militantisme en faveur de la cause animale trouve sa source dans la légende familiale. Son père Paul est végétarien depuis plus de 40 ans. Sur la pochette de l’album Ram, paru en 1971, année de naissance de Stella, il posait en gentleman farmer, tenant par les cornes un bélier velu.

De quoi prédisposer Stella à s’engager contre la souffrance animale. Fourrure, cuir et tout autre matière issue de l’exploitation des bêtes sont exclus de ses collections depuis 19 ans. Elle est sur ce point  d’une vigilance extrême. Si bien qu’elle a pu déclarer, à l’issue de son dernier défilé conclu sur une irruption de peluches géantes : « Nous sommes la seule maison de luxe au monde qui ne tue pas d’animaux sur son podium. Il est important que les gens l’entendent et l’intègrent. » Et pour démontrer que cette contrainte n’entame en rien l’éventail offert aux créateurs, elle a pris un malin plaisir à vêtir ses mannequins de manteaux en faux mouton plus vrai que nature.

Pour comprendre ce que cet engagement nécessite d’astuce et d’innovation, il faut lire l’article que lui a consacré en 2018 Wired, la bible technophile de la Silicon Valley. On y apprend que la couturière a travaillé avec des bio-ingénieurs pour produire du cuir à base de champignon ou de la soie d’araignée artificielle comme substitut aux matières habituelles.

Partenariat avec LVMH et aversion au greenwashing

L’objectif de Stella McCartney n’est pas seulement de proposer des vêtements 100% respectueux de la nature. Il est de transformer l’industrie de la mode dans son entier. Et ça marche. Ainsi, quand elle a décidé d’annuler un contrat avec un fournisseur de viscose (textile d’origine végétale) au motif qu’il exploitait une forêt menacée, des dizaines de marques ont suivi son exemple. Un signe de sa capacité d’entraînement au sein d’une industrie souvent pointée du doigt pour sa contribution à la pollution de la planète. Une industrie qui, trop souvent, peine à mettre en cohérence ses pratiques avec ses déclarations d’intention. « Ce qui me met hors de moi, a confié la styliste au cours d’une de ses nombreuses prises de parole sur le sujet, c’est que 90% des questions environnementales abordées dans la mode ne sont que du marketing ».

Cette aversion au greenwashing, elle peut désormais l’exprimer chez LVMH, devenu l’an dernier actionnaire minoritaire de sa marque. La couturière est depuis lors en contact direct avec Bernard Arnault, agissant comme aiguillon auprès du grand patron français, qui a entrepris d’accélérer la transformation du groupe dans ce domaine. « Je l’informe des avancées écologiques tant en matière de sourcing que de production, explique-t-elle quand on l’interroge sur ce rôle de conseillère spéciale. Je lui raconte ce que nous avons réussi à faire et à changer à notre échelle. Que c’est le futur de la mode ».

Un choix passionné et pragmatique : quel meilleur endroit pour transformer les mentalités et les pratiques du secteur que de le faire depuis le giron du leader mondial du luxe ?

Photo d’illustration Featureflash Photo Agency / Shutterstock
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