
Connaissez-vous la technique chirurgicale dite OOKP, ou ostéo-odonto-kératoprothèse, qui permet à un aveugle de recouvrer la vue, grâce à l’implant d’une dent dans l’œil ? Depuis deux ans, le service d’ophtalmologie du CHU de Montpellier propose cette intervention, une première en France. Dix personnes auraient déjà reçu une prothèse de cornée élaborée à partir d’une dent, de l’os de mâchoire et du plexiglass. Notons que l’OOKP est une technique datant des années 1970 et réservée aux personnes qui ont perdu la vue, mais dont les yeux et le nerf optique conservent un bon état général. Nous l’avons expliqué en détail dans cet article de Nathalie.
Une dizaine de patients déjà opérés
Comme susmentionné, une dizaine de patients ont déjà été opérés au CHU de Montpellier et certains d’entre eux auraient retrouvé une acuité visuelle maximale. Des résultats quasi miraculeux, selon Vincent Daïen qui semble très optimiste sur l’efficacité de l’OOKP, même s’il affirme qu’il ne veut pas créer de faux espoirs. La plupart de ces patients sont devenus aveugles suite à un accident ou une maladie, et n’ont pas pu bénéficier d’une greffe de cornée classique. Pour information, cette intervention chirurgicale s’effectue généralement en plusieurs étapes, entre autres, l’extraction dentaire et osseuse, la préparation de la prothèse biologique, l’implantation dans l’œil et la mise en nourrice.
Une intervention chirurgicale particulièrement complexe
Le professeur Vincent Daïen et sa collègue Marie Boutray, chirurgienne maxillo-faciale, indiquent que cette technique chirurgicale est particulièrement complexe et chronophage. Après le prélèvement d’une canine avec un bout de mâchoire, ils effectuent une greffe d’os (prélevé dans le bassin) pour la pose d’un implant. Une mutilation nécessaire, selon eux, pour atteindre l’objectif fixé. Ensuite, après avoir confectionné la prothèse destinée à remplacer la cornée défaillante, la deuxième intervention consiste à l’implanter dans l’œil du patient. Celle-ci sera conservée pendant trois mois sous la paupière de l’œil droit, recouverte d’un lambeau de muqueuse jugale. L’objectif est d’éviter tout phénomène de rejet. Mais cela ne se termine pas là, une autre chirurgie extrêmement complexe devrait encore être effectuée, à savoir la reconstruction de toute la surface oculaire.
Pourquoi la dent comme support biologique ?
Selon Marie Boutray, pour que la prothèse soit bien réalisée, le support de tissu vivant pour placer l’optique doit être confectionné avec le matériau le plus dur possible, notamment une dent ou l’os du tibia, le cas échéant. Le tissu dentaire et son parodonte sont privilégiés, car ils ont des propriétés de stabilité sur le long terme, essentielles à la survie de la kératoprothèse. La dent utilisée est généralement une canine, en raison de sa racine plus longue et plus large que celle d’autres dents, et elle doit être saine.
La chirurgienne maxillo-faciale explique que le support est découpé dans la « tranche de la dent » et qu’un bout de mâchoire est nécessaire pour tailler une pièce d’1,5 cm sur 1 cm. Pour Vincent Daïen, la prothèse biologique est ce qui marche le mieux et, selon lui, il est même possible d’atteindre une acuité visuelle de 10/10. Le professeur vise loin et souhaite faire du CHU de Montpellier une référence en Europe, dans le domaine de l’ostéo-odonto-kératoprothèse. Connaissiez-vous cette technique médicale pour retrouver la vue ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .