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Les implants rétiniens sont au cœur de nombreuses études scientifiques. L’œil humain reste un mystère sur bien des points pour les spécialistes, mais la technologie avance et les implants oculaires sont sur le devant de la scène. En 2014 déjà, plusieurs équipes médicales avait découvert qu’ils pouvaient redonner la vue à certains patients qui l’avaient perdue de manière accidentelle, avec une opération insolite, qui consiste à implanter une caméra dans un morceau de dent…Une technique baptisée ostéo-odonto-keratoprothèse (OOKP), inventée dans les années 60 par le Pr Benedetto Strampelli. Utilisée sur 11 patients en Belgique à cette époque, elle avait permis à 8 d’entre eux de recouvrer la vue. Explications…
C’est quoi l’ostéo-odonto-kératoprothèse ?
Le professeur Louis Hoffart, responsable du service ophtalmologique de la Timone à Marseille, expliquait en quoi consistait cette opération. L’implant oculaire provenant d’une dent du patient est extrêmement rare, et ne peut se pratiquer que chez des patients atteints de cécité aux deux yeux, pour lesquels un parcours de soin conventionnel n’a pas fonctionné. C’est un peu l’opération de la dernière chance, la cécité cornéenne dont ils souffrent n’offrant aucune solution. Concrètement, en choisissant la dent du patient comme support, les risques de rejets se trouvent limités. Une fois la dent prélevée sur le patient, le médecin y insère un tube optique. La dent est ensuite insérée dans la joue du patient pendant 4 mois, afin qu’elle soit en contact avec les vaisseaux sanguins et les muqueuses. Puis elle est implantée avec les chairs directement dans l’œil.
A qui s’adresse l’OOKP ?
Comme nous vous l’avons précisé, cette technique se présente comme une opération de la dernière chance, et uniquement lorsque le patient a suivi un long parcours de soin, comprenant la greffe de la cornée. Cette intervention se destine aux patients qui ont perdu la vue dans des cas précis, comme des accidents chimiques, traumatiques ou maladies auto-immunes. L’OOKP reste une opération coûteuse (plus de 30000€) et risquée, et ne s’envisage que lorsque le bénéfice espéré est important.
Comment bénéficier de cette technique ?
Après toute une batterie d’examens et une fois que l’on est sûr que le nerf optique et la rétine peuvent transmettre et recevoir les informations au cerveau, on peut envisager l’OOKP. Il faut aussi que la structure de l’œil puisse supporter l’insertion de la prothèse. Et, à l’évidence, il faut que la dent soit en parfait état, afin qu’une lamelle soit prélevée pour y insérer la lentille en Plexiglas.
« Il faut d’abord vérifier que le fond de l’œil fonctionne toujours et que le patient perçoive la lumière, sinon la prothèse n’apporte rien » Professeur Hoffart
Quelques exemples de réussite
Aux Etats-Unis, un homme de 45 ans, qui avait perdu la vue à la suite de l’explosion d’une chaudière, l’a retrouvée grâce à cette technique en 2014. En Belgique, en 2015, le Docteur Duchesne du CHU de Liège avait tenté l’opération sur 11 de ses patients. Huit d’entre eux avait recouvré la vue; pour les trois autres patients, les résultats avaient été moins satisfaisants. Aujourd’hui, avec les technologies de 2022, on peut espérer une augmentation du taux de réussite.
L’OOKP, une innovation pionnière
L’OOKP était une opération pionnière dans le domaine de l’implant rétinien. D’ailleurs, cette technique est toujours utilisée puisqu’elle fonctionne. Une dizaine de patients en France bénéficieraient de cette technique chaque année à Marseille, toujours sous la direction du Pr Hoffart. Une cinquantaine de chirurgiens dans le monde seulement maîtriseraient cette technique.
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