
À l’instar des EnR comme le solaire ou l’éolien, l’énergie osmotique, ou énergie bleue, constitue une excellente solution pour réduire la production d’électricité à partir de combustibles fossiles. Elle tend par conséquent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Son potentiel est d’environ 1 700 TWh au niveau mondial, d’après des estimations publiées sur TotalEnergies. Pour exploiter cette énergie renouvelable et propre, le Japon a récemment mis en service une centrale électrique osmotique à Fukuoka, au nord de l’île de Kyūshū. Ce site peut produire des centaines de milliers de kilowattheures d’énergie chaque année. Il est destiné à alimenter une usine de dessalement fournissant de l’eau douce à la capitale de la préfecture et à d’autres zones situées à proximité.
Une centrale capable de répondre aux besoins de plusieurs centaines de foyers
Certes, la centrale électrique osmotique de Fukuoka est destinée à alimenter une usine de dessalement. Toutefois, l’énergie produite par celle-ci pourrait satisfaire l’ensemble des besoins en électricité d’environ 220 foyers, selon le Dr Alie Altaee, un spécialiste du développement de sources d’eau alternatives à l’UTS (université de technologie de Sydney). En effet, elle devrait être en mesure de fournir jusqu’à 880 000 kWh d’énergie chaque année, soit 0,88 GWh. Pour information, cette centrale électrique installée à Fukuoka est la première au Japon et la deuxième au monde, après celle du Danemark. En France, Sweetch Energy, une climate-tech dont nous vous avons parlé dans cet article, prévoit de mettre en place un premier site pilote utilisant l’énergie osmotique à Port-Saint-Louis-du-Rhône, en partenariat avec la Compagnie Nationale du Rhône.
Une centrale produisant de l’énergie à partir d’eau douce et d’eau salée
La centrale électrique de Fukuoka utilise un réservoir d’eau douce et un réservoir d’eau salée séparés par une membrane semi-perméable pour créer une réaction chimique, aussi appelée réaction osmotique. Cette dernière est le résultat de l’interaction entre les deux liquides. Les molécules d’eau douce traversent la membrane semi-perméable pour migrer vers l’eau salée, afin de parvenir à un certain équilibre. Ce flux génère ensuite une pression, connue sous le nom de pression osmotique, qui va entraîner une turbine et produire de l’électricité. Cette énergie propre et renouvelable a été découverte dans les années 50. Cependant, en l’absence de technologie permettant de l’utiliser dans la production d’électricité, il n’a pas été possible de l’exploiter pendant plusieurs décennies.
Quelques défis à surmonter
Bien qu’il existe actuellement des technologies permettant de produire de l’électricité à partir de l’énergie osmotique, il est encore nécessaire de trouver des solutions à quelques problèmes. D’une part, d’importantes pertes d’énergie se produisent lors du pompage de l’eau vers la centrale électrique. D’autre part, l’encrassement des membranes peut impacter négativement sur l’efficacité de la centrale. Néanmoins, il semblerait que le site de Fukuoka ait résolu certains problèmes. D’après Sandra Kentish, une professeure à l’université de Melbourne, la centrale utilise de nouvelles technologies de pompe et de membrane permettant de limiter les pertes.
Par ailleurs, elle récupère la saumure résiduelle provenant de l’usine de dessalement pour créer une plus grande différence de concentration en sel et générer davantage d’énergie. Suite à la mise en service du site, Akihiko Tanioka, un professeur de l’institut des sciences de Tokyo, n’a pas manqué de faire part de son enthousiasme. Il a déclaré être ravi de la réussite du projet et aimerait que l’utilisation de cette énergie se répandrait au Japon, mais également dans le monde. Plus d’informations sur sj.jst.go.jp. Les centrales électriques osmotiques seront-elles l’avenir de la production d’énergie ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .