Cette surprenante découverte paléontologique a commencé dans la Chine des années 30: un chantier de construction était établi à proximité de la ville de Harbin (Heilongjiang). Il avait pour but de bâtir un pont sur la Songhua. Un ouvrier fait alors la découverte d’un curieux crâne humain fossile.
Rappelons que la région était sous occupation japonaise à l’époque; ne voulant pas que l’objet tombe entre les mains de la force occupante, l’ouvrier a dissimulé le crâne dans un puits abandonné. Il a eu le réflexe de bien emballer le fossile pour mieux le préserver. L’homme ne reparlera du crâne qu’en 2018, peu avant sa mort. Il a révélé son emplacement à son petit-fils qui le récupèrera pour en faire don à l’université de Hebei.
Une espèce ayant vécu il y a près de 150 000 ans
Le lieu exact où l’ouvrier a découvert le crâne reste inconnu à ce jour. Néanmoins, le fossile était dans un état suffisamment correct pour permettre des analyses précises.
Le crâne de Harbin contenait dans sa cavité nasale des dépôts sédimentaires. En se basant sur ces éléments, l’équipe de recherche de l’université de Hebei a utilisé des isotopes de strontium pour dater le fossile. Les résultats ont indiqué une datation allant de 138 000 à 309 000 ans. La datation à l’uranium radioactif a ensuite permis de réduire l’intervalle. La boîte osseuse aurait ainsi appartenu à une espèce humaine jamais découverte ayant vécu il y a 146 000 ans.
Un cerveau presque similaire au nôtre
La période coïncide avec le Pléistocène moyen dont l’appellation depuis 2020 est le Chibanien. L’Homo erectus, l’Homo neanderthalensis, l’Homo heidelbergensis, l’Homme de Denisova et l’Homo sapiens étaient jusque-là les espèces connues à y avoir vécu. Les caractéristiques de la boîte crânienne ne correspondaient à aucun de ces spécimens connus; les chercheurs chinois en ont ainsi conclu que celle-ci appartenait à une nouvelle espèce.
Le crâne de Harbin mesure environ 23 cm de long pour 15 cm de large. Les analyses suggèrent qu’il devait appartenir à un individu d’une cinquantaine d’années. Avec un volume de 1 420 mL, la boîte osseuse pouvait abriter un cerveau presque aussi grand que le nôtre.
Une espèce avec une constitution robuste
Les chercheurs chinois ont choisi l’appellation Homo longi ou Homme dragon pour désigner la nouvelle espèce découverte. Sa boîte crânienne suggère une constitution trapue et robuste. En effet, la boîte osseuse de Harbin présente d’épaisses arcades sourcilières.
Ses orbites presque carrées ont également étonné les chercheurs de l’université de Hebei. L’Homme dragon devait également posséder une mâchoire assez large avec des dents de grande taille. Les auteurs de la recherche ont détaillé leurs travaux dans un papier publié en juin dans la revue The Innovation. Comme quoi, l’hypothèse selon laquelle nous sommes issus d’ancêtres largement diversifiés semble se renforcer.
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