
Selon des chiffres publiés sur developpement-durable.gouv.fr, les travaux d’isolation permettent de réduire d’environ 5,4 % la consommation d’électricité d’un logement équipé d’un dispositif de chauffage utilisant cette énergie. Concernant les maisons chauffées au gaz, la baisse de la consommation peut aller jusqu’à 8,9 %. S’il ne fait aucun doute que la diminution des déperditions de chaleur réduit l’impact environnemental des logements, il faut savoir que certains isolants peuvent être particulièrement polluants. En effet, le polystyrène expansé et le polyuréthane, par exemple, sont constitués de nombreux éléments chimiques et leur processus de fabrication peut entraîner d’importantes émissions de GES. Pour pallier ce problème, Alex Babayan, un étudiant de l’École d’architecture de Lille, a mis au point un isolant écologique à base de miscanthus, une plante herbacée appartenant à la famille des Poaceae. Baptisée Miscanterra, son invention lui a permis d’accéder à la finale du concours The James Dyson Award.
Une plante encore peu utilisée et à faible impact environnemental
Comme Marc l’a expliqué dans cet article, Alex Babayan a découvert les propriétés du miscanthus lors de la réhabilitation d’une cité minière. Il s’est ensuite tourné vers cette plante pour concevoir son isolant biosourcé innovant appelé Miscanterra, pour diverses raisons. Outre son côté isolant, elle peut être cultivée au niveau local sans utiliser d’intrants chimiques et recourir à une irrigation intensive. D’autre part, elle est encore sous-exploitée, contrairement à certains matériaux comme le lin ou le chanvre. Pour information, l’étudiant a lancé son projet en 2024 et hormis l’accession à la finale de The James Dyson Award, il a été récompensé lors de plusieurs concours, comme Challenge Entreprendre.
Un long processus de conception
Pour concevoir le Miscanterra, Alex Babayan a tout d’abord réalisé des expérimentations artisanales. Il a ensuite élaboré un processus de fabrication structuré comprenant, entre autres, le broyage calibré du miscanthus, la réalisation du liant naturel à partir d’une formulation spécifique, le moulage des panneaux isolants et le séchage. Une fois cette étape terminée, l’étudiant a conçu 45 prototypes et a effectué des tests en laboratoire. Ces essais lui ont permis de sélectionner le modèle le plus léger, le plus résistant et qui bénéficie de la meilleure conductivité thermique. Après avoir choisi le prototype le plus performant, il a optimisé le procédé industriel afin d’obtenir un produit homogène, facile à installer et peu polluant. D’après lui, il est prêt à entamer l’étape de la pré-industrialisation de son isolant innovant.
Un brevet et des essais en conditions réelles
Avant l’industrialisation du Miscanterra, Alex Babayan souhaite, dans un premier temps, le protéger grâce à un brevet d’invention. Il projette ensuite de se lancer dans la mise en place de chantiers tests pour évaluer les performances de son isolant en conditions réelles et d’améliorer la durée de son installation. Cette phase de test terminée, l’étudiant prévoit d’installer des micro-unités de production pour créer des emplois, mais également pour contribuer à la baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la construction. Par ailleurs, il travaille sur l’obtention de label et de certification pour s’assurer que son produit soit conforme aux normes en vigueur.
Certes, le chemin semble encore loin avant l’étape de la commercialisation. Cependant, cet isolant à base de miscanthus ne devrait pas manquer de susciter l’intérêt des particuliers et des professionnels, notamment en raison de la couverture médiatique dont il bénéficie en accédant à la finale du concours James Dyson Award. Seriez-vous prêts à réaliser votre isolation avec ce matériau ? Je vous invite à nous donner votre avis, vos remarques ou nous remonter une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .