En France, les aveugles ou malvoyants profonds seraient environ 207 000 et les malvoyants moyens 932 000, selon les dernières données officielles de la DREES. Pour lire, ils possèdent une méthode géniale, sans laquelle ils seraient encore plus coupés du monde : le braille évidemment ! Cette technique de lecture inventée il y a tout juste 200 ans n’est pas qu’une curiosité historique. C’est un pilier d’autonomie, de culture et de liberté. Louis Braille, originaire de Seine-et-Marne (comme j’aime à le rappeler, puisque nous lui avions même consacré un petit article dans notre journal communal), avait à peine 15 ans lorsqu’il imagina ce système tactile universel. L’histoire complète de cette invention est racontée sur le site braille.be, mais un peu de culture générale ne fait jamais de mal ! Et, aujourd’hui, alors que l’humanité vit entourée d’écrans, de synthèses vocales et d’intelligences artificielles, le braille n’a jamais autant compté. Alors, comment cette invention née dans un atelier de bourrelier est-elle devenue un langage universel tactile, et surtout : comment traverse-t-elle l’ère du numérique ? Réponses dans cet article.
Louis Braille : l’histoire d’un enfant devenu inventeur sans le savoir
Louis Braille est né en 1809 à Coupvray, en Seine-et-Marne. Un petit village paisible que je traverse parfois en voiture, toujours avec cette pensée : “C’est quand même incroyable que l’un des plus grands inventeurs français soit né ici.” L’accident survient en 1812. Louis a trois ans et joue dans l’atelier de son père. Curieux, il manipule un poinçon… et se blesse grièvement à un œil. L’infection gagne le second, et la cécité devient totale. Mais, ses parents refusent d’abandonner son éducation. Il apprend d’abord avec des clous plantés dans une planche. À 10 ans, il entre à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles à Paris. Là-bas, les livres en relief existent déjà, mais ils sont gigantesques, lourds, et terriblement difficiles à lire. Louis, lui, rêve d’un système rapide, universel et logique. En barrettes tactiles, planches gravées, musiques en relief… tout ça est bien joli, mais loin d’être pratique pour lire une phrase sans se perdre.
1825 : naissance d’un langage tactile totalement révolutionnaire
En 1821, Louis Braille découvre le système de Charles Barbier : un code militaire utilisant des points en relief, destiné à lire dans le noir. L’idée est géniale, mais trop complexe : jusqu’à 12 points par caractère, phonétique et sans ponctuation. Il décide alors de reprendre le concept… et le réinvente entièrement. En 1825, il propose un code composé de 6 points, disposés en deux colonnes de trois. Simple, lisible, complet. En 1829 puis 1837, il publie les versions définitives du braille. Ce code permet une nouvelle approche et le décryptage des éléments suivants :
- L’alphabet complet
- Les chiffres
- Les signes mathématiques
- Les notes de musique
Et, tout ça avec… 63 combinaisons possibles. On ne va pas se mentir : c’est plus efficace que bien des inventions modernes. Et même sur NeozOne, nous en parlons régulièrement, notamment à travers des innovations touchantes ou futuristes, comme un dispositif de correction intelligente en braille ou encore Bonocle, qui permettait même de suivre la Coupe du monde en braille.
Tableau : les grandes étapes de l’invention du braille
| Année | Événement majeur |
| 1809 | Naissance de Louis Braille à Coupvray |
| 1812 | Accident ⇒ perte de la vue |
| 1819 | Entrée à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles |
| 1821 | Découverte du système Barbier |
| 1825 | Première version du braille (points en relief) |
| 1829 | Publication du Procédé pour écrire… |
| 1837 | Version définitive du braille |
| 1854 | Reconnaissance officielle en France |
| 1878 | Reconnaissance mondiale |
| 1980 | Premières barrettes braille électroniques |
| 2025 | 200ᵉ anniversaire du braille |
Le braille aujourd’hui : entre tradition tactile et révolution numérique
Contrairement à ce que certains imaginent, le braille n’a pas été remplacé par les smartphones ou les assistants vocaux. Au contraire : il s’adapte parfaitement au monde connecté. Il existe désormais d’autres utilisations pour faciliter la vie des personnes aveugles ou malvoyantes, et cela peut tous nous concerner un jour ! Voici les améliorations actuelles qui collent à nos utilisations du 21ᵉ siècle :
- Des plages tactiles en braille (qui coûtent malheureusement plusieurs milliers d’euros)
- Des systèmes de notation musicale modernes,
- Des liseuses équivalentes aux Kindle mais en braille,
- Des logiciels capables de transcrire en partie les textes.
Et, surtout : l’écriture braille repose sur un code binaire (présence ou absence de points). Autrement dit, Louis Braille a inventé en 1825… ce que l’informatique adoptera un siècle après. Quand on y pense, c’est assez vertigineux. Bien sûr, tout n’est pas parfait. Seuls 10 % des livres publiés chaque année en France sont transcrits en braille. Les formations manquent. Et, malgré les progrès de l’inclusion, de nombreux enfants malvoyants n’ont pas accès à un apprentissage régulier. Mais, l’espoir renaît grâce à l’intelligence artificielle, qui pourrait enfin « semi-automatiser » les transcriptions.
Pourquoi le braille reste indispensable, même 200 ans après sa création ?
Notre monde actuel est celui de la technologie, et même si l’on vit à l’heure des smartphones capables de tout dicter à notre place, rien ne remplace la précision silencieuse du braille. C’est un peu comme comparer une conversation WhatsApp à une lettre manuscrite : la technologie va plus vite, mais elle ne touche pas de la même façon. Et chaque spécialiste, parent, enseignant ou personne déficiente visuelle le répète : tant qu’il y aura des mots, il faudra du braille pour les ressentir. Voici les raisons qui font que le braille ne disparaîtra jamais de la vie des personnes qui l’utilisent :
- donne de l’autonomie totale, contrairement au simple vocal.
- il est irremplaçable pour comprendre l’orthographe, la ponctuation et le rythme d’un texte.
- il structure la pensée, ce que ne fait pas un assistant vocal.
- permet la lecture silencieuse… et à son rythme.
- transcende les langues et les frontières.
- s’adapte merveilleusement à l’informatique moderne.
Et, au-delà de son utilité évidente, il reste une forme de résistance poétique. Un langage discret, que l’on ne voit qu’en le touchant, et qui rappelle que chaque être humain mérite de lire, d’apprendre et d’imaginer. Une invention si simple en apparence, mais tellement essentielle dans un monde de plus en plus bruyant.
Un héritage tactile qui continue de guider des millions de doigts
Deux siècles après son invention, le braille reste un symbole d’émancipation. Entre technologie tactile, IA, liseuses, innovations et initiatives locales, le braille demeure un langage universel, un pont entre les cultures, et un outil de dignité. Louis Braille n’a jamais vu la lumière, mais il a offert au monde une nouvelle façon de la lire. Une dernière chose, si vous passez du côté de Coupvray, en Seine-et-Marne, la commune lui a dédié un musée, le Musée Louis Braille : intéressant et très cultivant ! Et vous, que vous inspire cette invention qui traverse les siècles et les technologies ? On adore vous lire ! Alors si le sujet vous inspire, cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !