
Cet été, entre les bouées flamants roses et les sandales pleines de sable, une angoisse revient en boucle sur les réseaux : celle de la « noyade sèche », une prétendue noyade qui surviendrait des heures, voire des jours après avoir bu la tasse, sans prévenir. La noyade est un vrai risque, surtout en été, comme le rappelle Santé Publique France, qui a recensé, du 16 juillet au 15 août 2024, 576 noyades, soit une augmentation de 41 % par rapport à l’année précédente ! Et, comme les accidents de voiture, cela n’arrive pas qu’aux autres, la prévention étant la meilleure des protections. Eh oui, un enfant rit dans la piscine, avale un peu d’eau puis quelques heures plus tard, son état se dégrade brutalement, est-ce une « noyade sèche » ? Eh bien non, plusieurs études affirment que cette histoire relève plus de la légende urbaine que de la réalité médicale. En effet, la noyade sèche n’a aucun fondement scientifique reconnu. Décryptage.
Une expression trompeuse et bien ancrée
Si le terme « noyade sèche » circule autant, c’est sans doute parce qu’il est simple, effrayant, et très médiatisé. Pourtant, il ne repose sur aucun terme médical reconnu. Dans une publication parue dans Emergency Medicine News, trois médecins urgentistes américains rappellent que les expressions comme « noyade sèche », « noyade secondaire » ou « presque noyade » sont à proscrire : elles ne figurent dans aucune nomenclature officielle. Le mythe est né de cas dramatiques d’enfants décédés dans les jours suivant une baignade. Mais, comme l’explique le docteur Arnault Pfersdorff, pédiatre-réanimateur, il s’agissait en réalité de pathologies sous-jacentes non diagnostiquées, comme des malformations cardiaques. Autrement dit : un enfant ne meurt pas « subitement » d’avoir bu la tasse deux jours plus tôt. Il y a toujours des signes, même légers. Et, ces signes n’arrivent pas sans cause ni contexte. Il ne s’agit donc pas d’ignorer un incident de baignade, mais de le surveiller avec discernement, pas avec panique.
Voir cette publication sur Instagram
Ce qu’il faut vraiment surveiller après avoir bu la tasse
Si un enfant boit la tasse, cela peut provoquer des symptômes : toux, gêne respiratoire, vomissements, mais ils apparaissent dans les minutes ou heures qui suivent, jamais au bout de deux jours sans le moindre signal d’alerte. Selon les recommandations du Journal de la Revue Médicale Suisse, la seule chose à faire est d’observer l’enfant durant les huit heures qui suivent. Voici les signes qui doivent immédiatement alerter :
- Toux persistante ou violente
- Difficultés à respirer, respiration anormale ou rapide
- Lèvres bleues, teint gris
- Fatigue inhabituelle, somnolence excessive
- Vomissements répétés
- Changement de comportement ou confusion
- Fausse route en buvant, ou gêne à la déglutition
Une surveillance oui, mais pas de paranoïa
On le répète : aucun cas documenté dans la littérature médicale ne rapporte une dégradation brutale et mortelle plusieurs jours après une baignade sans aucun symptôme précurseur. Le docteur Jules Fougère, pédiatre urgentiste au CHU de Rouen, le martèle dans ses vidéos pédagogiques citées par le site 20 minutes : si un enfant va parfaitement bien dans les huit heures qui suivent un incident dans l’eau, il n’y a aucun risque qu’il « se noie » en dormant la nuit suivante. En revanche, une toux persistante ou une gêne respiratoire doit toujours mener à une consultation. Le bon réflexe ? Surveiller calmement, sans basculer dans la psychose.
Et, surtout, ne jamais laisser un enfant seul près d’un point d’eau, même une bassine ou une pataugeoire. La vraie noyade, celle qui tue chaque été, est silencieuse, rapide et évitable. Alors, après avoir lu tout ça, seriez-vous prêt à abandonner le mythe de la noyade sèche pour de bon et à surveiller vos enfants même si vous avez une grosse envie de vous endormir sur la plage ? Ce sujet vous fait réagir ? Partagez vos idées ou votre vécu, cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !