
C’est un chiffre qui fait tourner la tête : 144 millions de flashs en dix ans ! Les radars de vitesse n’ont jamais autant crépité sur nos routes françaises. Selon le JT de TF1 info, 6 excès sur 10 concernent pourtant des dépassements de moins de 5 km/h. On peut donc légitimement se demander si ces petits excès freinent réellement les grands drames. Le prix d’un radar fixe dépasse les 50 000 €, et la France en compte plus de 4 000, contre 3 500 il y a cinq ans. Une omniprésence censée sauver des vies… mais la réalité est plus nuancée. Si la mortalité routière a globalement baissé de 4 % sur les cinq premiers mois de 2025, elle a bondi de +14 % en mai selon cet article de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) relayé par la Préfecture du Lot. Alors, les radars sauvent-ils vraiment des vies ou ne sont-ils que des boîtes à sous ? Décryptage.
Des résultats contrastés malgré la multiplicité des radars
Soyons honnêtes : les radars de vitesse ont eu un effet réel sur la mortalité depuis leur apparition en 2003. La vitesse moyenne a chuté de 91 km/h à environ 80 km/h, et le nombre de décès sur la route a presque été divisé par deux. Lors de la crise des gilets jaunes, quand 60 % des radars ont été vandalisés, les vitesses sont remontées… comme les accidents (+17 % selon la Ligue contre la violence routière). Mais, cette efficacité a ses limites. Aujourd’hui, les radars sont si nombreux qu’ils provoquent davantage de coups de frein réflexes que de réelles prises de conscience. Les conducteurs s’adaptent, slaloment entre les zones de contrôle, puis reprennent leur rythme de croisière dès la zone « libre ». Et, puis, entre nous, je doute que ces boîtiers soient la solution miracle. Membre active de l’association Victimes et Avenir, je le vois bien : ce ne sont pas les 3 km/h de trop qui tuent, mais les comportements irresponsables. Téléphone à la main, alcool, drogue, queues de poisson, somnolence… Les radars ne captent ni la bêtise ni la négligence humaine. Et, ce sont pourtant elles qui brisent des vies.
Les chiffres qui fâchent : la réalité derrière les statistiques
Indicateur (mai 2025) | Résultat | Évolution par rapport à mai 2024 |
Morts sur les routes | 276 | +14 % |
Usagers de deux-roues tués | 82 | +19 morts |
Automobilistes tués | 111 | +5 morts |
Blessés graves | 1 530 | +15 % |
Accidents corporels | 4 646 | +10 % |
(Source : ONISR – ministère de l’Intérieur)
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : les comportements dangereux persistent, malgré le quadrillage du territoire par les radars. Et, si ces dispositifs contribuent à réduire la vitesse moyenne, ils n’empêchent pas les conduites à risque, notamment chez les 24-65 ans, la tranche la plus touchée (150 morts rien qu’en mai).
En Seine-et-Marne, les drames continuent malgré la vigilance
Chez nous, en Seine-et-Marne, le constat est amer. En juin dernier, trois accidents mortels ont endeuillé le département en un seul week-end, portant à 36 le nombre de décès depuis le début de l’année. Le préfet a d’ailleurs lancé un appel à la vigilance, en particulier aux jeunes et aux motards. Selon la préfecture de Seine-et-Marne, les principaux facteurs de risque restent les mêmes :
- Alcool au volant (30 % des accidents mortels)
- Drogues et protoxyde d’azote, responsables de 700 décès/an
- Vitesse excessive, cause première des accidents graves
- Téléphone au volant, multipliant par 23 le risque d’accident lorsqu’on lit un SMS
- Fatigue et somnolence, impliquées dans un tiers des accidents sur autoroute
- Problèmes de santé non pris en compte (vue, audition, traitements médicamenteux)
Autant de dangers qu’aucun radar ne peut détecter… et qui nécessitent une vraie prise de conscience collective. Les radars ont sans doute contribué à ralentir les conducteurs et à sauver quelques centaines de vies chaque année, mais ils ne règlent pas tout. En vérité, la sécurité routière repose autant sur la prévention que sur la responsabilisation individuelle. Tant que certains continueront à boire avant de conduire, à répondre à des messages au volant ou à ignorer la fatigue, les radars n’effectueront qu’un travail partiel. Parce que les statistiques, c’est une chose. Les vies perdues, c’en est une autre. Et vous, pensez-vous que les radars suffisent à rendre nos routes plus sûres ou faut-il revoir notre manière de conduire ? Ce sujet vous fait réagir ? Partagez vos idées ou votre vécu, cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !