
Quand on m’a parlé pour la première fois du puits canadien, j’ai cru qu’il s’agissait d’un système venu du pays dont il porte le nom… Mais, en effectuant quelques recherches, j’ai aussi découvert qu’on pouvait l’appeler « puits provençal ». Je me suis interrogé sur la question, car il est présenté comme un concept 100 % écologique, qui permet de réchauffer l’hiver et de rafraîchir l’été, sans pompe à chaleur ni climatisation énergivore. Autant dire que ça m’a intriguée. Mais, comme pour tout projet un peu ambitieux, derrière les promesses vertes et les économies d’énergie, se cachent aussi quelques limites bien concrètes. Ces dernières, peu de gens les évoquent vraiment… sauf peut-être mon mari, dans le métier depuis plus de 30 ans. Alors, entre rêve géothermique et réalité du chantier, voyons ensemble ce que l’on peut reprocher à ce fameux puits canadien. C’est parti.
Un puits canadien, qu’est-ce que c’est ?
Le puits canadien, aussi appelé puits provençal, repose sur un principe simple et ingénieux : capter l’air extérieur, le faire circuler dans des conduits enterrés à 2 mètres de profondeur, où il échange ses calories avec la terre, avant d’être insufflé dans la maison. En été, il rafraîchit naturellement l’air ambiant. En hiver, il le préchauffe. Le système fonctionne avec très peu d’électricité (environ 100 W/h) et permet de réduire les besoins en chauffage, ventilation et climatisation. Le tout, de manière totalement passive et silencieuse. Tentant, non ? Mais, attention, ce n’est pas sans contreparties.
Inconvénient n° 1 : un prix élevé à l’installation
C’est sans doute le frein principal. Un puits canadien, même s’il est rentable sur le long terme, coûte cher à mettre en place. Entre les travaux de terrassement, les gaines spécifiques, le by-pass, la VMC double flux (fortement recommandée) et la main d’œuvre qualifiée, on peut facilement atteindre les 8 000 à 15 000 €. Et, cela, sans compter les frais annexes si le terrain est difficile ou en pente. Ce type d’installation est surtout intéressant si on le prévoit à la construction de la maison. En rénovation, cela reste possible… mais nettement moins pratique (et plus coûteux).
Inconvénient n° 2 : un entretien complexe et peu accessible
Sur le papier, on vous dira que l’entretien est « minime ». Dans les faits, les conduits enterrés ne sont pas si faciles d’accès. Même avec une grille de protection et un filtre, des débris, insectes, voire petits rongeurs peuvent se faufiler dans le réseau. Il faut aussi changer les filtres 2 à 3 fois par an, nettoyer les bouches d’insufflation et vérifier les joints. Et, pour un nettoyage complet du réseau tous les 5 ans, mieux vaut faire appel à un pro, avec du matériel spécifique. Bref, ce n’est pas aussi simple qu’un dépoussiérage de VMC.
Inconvénient n° 3 : une pose qui ne s’improvise pas
Le puits canadien exige un vrai savoir-faire. Les conduits doivent respecter une pente minimale de 2 %, être étanches, éviter les stagnations d’eau (et donc d’humidité) et ne pas croiser de nappe phréatique. Un mauvais dimensionnement ou une pose hasardeuse peut entraîner des moisissures, des performances faibles, voire des risques sanitaires (comme la remontée de gaz radon dans certaines zones). C’est en conséquence un chantier à confier à un professionnel expérimenté, sous peine d’annuler tous les bénéfices du système.
Inconvénient n° 4 : aucune aide fiscale à l’horizon… pour le moment
C’est peut-être ce qui m’a le plus surpris en creusant (sans jeu de mots) le sujet : le puits canadien ne donne droit à aucune aide financière. Ni crédit d’impôt, ni MaPrimeRénov’, rien. Pourtant, on parle ici d’un système ultra-vert, silencieux, et franchement intelligent. Mais, voilà, il n’est pas considéré officiellement comme un système de chauffage ou de production d’énergie. Juste une ventilation passive. Pendant ce temps-là, pompes à chaleur, chaudières à granulés ou panneaux solaires encaissent les subventions. Résultat : il faut sortir le portefeuille sans espérer de coup de pouce de l’État.
Des inconvénients… mais également de vrais atouts
Bon, soyons honnêtes : malgré ces quelques embûches, le puits canadien a beaucoup pour lui. Ce système est totalement silencieux, durable, quasiment sans consommation électrique, et surtout entièrement naturel. L’air intérieur est constamment renouvelé, mais sans être asséché comme avec une clim, et sans créer de courants d’air désagréables. En prime, les besoins en chauffage peuvent baisser de 20 à 60 %, et le puits s’intègre très bien à d’autres solutions comme les panneaux photovoltaïques ou la pompe à chaleur. Et vous, seriez-vous prêts à miser sur un puits canadien, malgré ses contraintes, pour un confort thermique naturel et durable toute l’année ? Ce sujet vous intéresse ? N’hésitez pas à nous donner votre avis, ou à partager avec nous, votre expérience. Merci de nous signaler toute erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .