De la difficulté de faire du développement durable sur les lieux de travail

L’environnement et le développement durable sont devenus des thèmes majeurs au cours de ces dernières années.

Même si au quotidien, des efforts sont réalisés pour respecter les ressources et l’environnement qui nous entoure afin de les garantir aux générations qui vont nous succéder, chaque jour, des faits démontrent la difficulté de mener à bien ces efforts. Les activités liées aux bâtiments sont les principales consommatrices d’énergies en France, et on mesure toute la difficulté de réaliser des actions pérennes sur ce secteur.

Si nous nous focalisons juste sur l’exploitation des bâtiments tertiaires (commerces, bureaux, santé, enseignement etc…), nous avons plusieurs acteurs : le bâtisseur (propriétaire), l’exploitant et les occupants. Ils n’ont pas tous la même vision du respect de l’environnement et chacun a ses objectifs qui souvent ne sont pas compatibles. Bien sûr il y a de plus en plus de nouveaux bâtiments performants et plus facile à piloter, mais la réalité est différente. Si les deux premières parties prenantes doivent respecter à minima les différentes réglementations (thermiques, environnementales…), elles sont contraintes, et la période actuelle le démontre, par la rentabilité financière. En effet, la compétitivité des entreprises passe par une réduction des coûts et même pour des grandes structures.

Le propriétaire va donc rechercher la rentabilité de son bien tout en le maintenant pérenne pour assurer une présence continue. Une certification d’un bien (HQE, Breeam…) est une note à l’instant « t » et ne garantit pas une performance énergétique du bâtiment. C’est surtout un argument pour mieux le louer. L’exploitant maintient le bâtiment en suivant le cahier des charges fixés par le Property Manager (le syndic du propriétaire) et cherche à sauver sa marge. Le volet environnemental est souvent réduit à sa plus simple expression, car l’exploitant supporte rarement le coût des fluides (électricité, eau et gaz). Moins il a de retours de son donneur d’ordre ou des locataires, mieux il se porte.

Le troisième larron, l’occupant recherche surtout le confort de travail et ne soucis pas trop de son impact sur la qualité environnementale du bâtiment excepté le gestionnaire des couts fluides. Les objectifs Développement Durable de l’entreprise ne sont portés que par quelques personnes et rarement relayés par les managers, peut-être juste dans le tableau de bord de l’unité. Dans le monde du travail, chacun est confiné dans sa bulle, ses objectifs et peu par les objectifs de l’entité encore moins ceux du collègue. Bien sûr, il y a le grenelle de l’environnement avec le respect de baisser les consommations des bâtiments de 38% d’ici 2020, la loi du 12 mars 2016 sur le tri des déchets, les différentes certifications ISO 14001 ou 26000.

Pourtant, c’est chez l’occupant que la marge de manœuvre est la plus importante. Plusieurs études montrent que le comportemental peut avoir un impact de près de 15% sur les consommations de fluides d’un bâtiment tertiaire. Seule une politique volontarisme de l’entreprise et relayée par les managers peut permettre d’obtenir des résultats concrets et pérennes. Même si c’est plus facile dans un bâtiment moderne, une thèse[i] démontre toute la difficulté d’associer les locataires aux performances énergétiques d’un bâtiment. Il faut que la politique environnementale ne soit pas trop contraignante et plus le contexte social est tendu, plus c’est difficile d’impliquer les salariés. Sur les plaintes sur le « trop chaud, trop froid », dans la plupart des cas, les managers achètent la paix sociale et demandent de déroger aux consignes.

Concernant le tri des déchets sur site, paradoxalement, c’est plus facile et pour plusieurs facteurs. La communication institutionnelle est plus importante et permanente. Sur chaque emballage, il est conseillé de trier. Certaines communes adoptent une taxe ménagère différente selon le bac de déchets. Et surtout, nous sommes sur le visible. Chacun n’aime pas avoir une réflexion de son collègue sur le fait qu’il ne trie pas sa poubelle de bureau. L’amour propre est touché et du coup, on fait plus attention. Le grain de sable dans ce processus vient du personnel de nettoyage qui souvent va mélanger les sacs pour ne les mettre que dans un seul container. Apres quelques pénalités, cela rentre souvent dans l’ordre.

L’eau est le grand oublié de la réduction de nos consommations de fluides. Quelques expériences sur la mise en place de mousseurs ont été stoppées car ils étaient empruntés par les occupants. Quand certaines toilettes sont alimentées par de l’eau de récupération de pluie, nos chers salariés se plaignent de la couleur non transparente du liquide. En Europe, l’eau est en abondance, et seul un profond changement de mentalité permettra de faire des économies sur cet « or blanc », car avec le réchauffement climatique, on suppose que cela sera un élément de tension.

Pour résumé, le développement durable dans l’entreprise n’est surtout pas l’affaire de tous, mais seulement de quelques personnes (le responsable du DD et quelques convaincus). La certification ISO 14001 d’une entreprise, c’est souvent l’arbre qui cache la forêt. Pour obtenir de vrais résultats pérennes, il faut que les managers s’impliquent et soient impliqués. Souvent ils ne s’y intéressent qu’à la fin de l’année quand le bilan arrive et que les objectifs ne sont pas au rendez-vous. Un collègue me dit souvent : les personnes n’écoutent que ceux qui les paient. Si on répercutait le cout des fluides dans leur propre budget, ils y feraient plus attention. Le monde politique a aussi un grand rôle. Dans mon entreprise, l’année où il a été le plus facile de faire des gains énergétiques fut 2007, car ce thème était présent dans la campagne électorale. Cette année, l’environnement n’est pas au premier plan et les discours de Trump et de Poutine ne sont pas des signes encourageants.

[i] bâtiments tertiaires performants et comportements favorables a l’environnement : le rôle de variables psychosociales et du contexte organisationnel, par delphine labbouz, thèse de doctorat en psychologie http://www.theses.fr/2015pa100116

 

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Alexandre Bonazzi

J'ai fait des études en droit et j'ai travaillé pendant 30 ans dans une société d'études et de conseil en marketing. Aujourd'hui, j'encadre la ligne éditoriale de NeozOne. Geek et Nerd depuis ma naissance, je suis passionné par les nouvelles technologies, la High-tech et la pop culture en général. J'ai fondé le site NeozOne en 1999 et depuis je partage avec vous mes astuces, mes tests et quelques fois mes humeurs, je modère également les commentaires de NeozOne. Je suis par ailleurs amateur de cinéma, série TV, les jeux de plateaux et les jeux de rôles. N'hésitez pas à me contacter directement par courrier électronique pour toute question

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