Industrie musicale : Jay Z en guerre contre les deepfakes audio

Jay Z a exigé que YouTube retire plusieurs vidéos dans lesquelles sa voix a été reproduite pour lui faire interpréter du Shakespeare ou encore du Billy Joel.

Il y a quelques semaines, plusieurs vidéos YouTube avaient fait le buzz sur la toile. Dans l’une d’elles, on peut entendre le rappeur Jay Z qui reprend le célèbre monologue « To Be or Not to Be » de Shakespeare. Eh bien il s’agit au fait d’un deepfake, une piste audio truquée.

Des voix entièrement créées de toute pièce : Le deepfake est connu pour permettre de trafiquer des vidéos grâce à l’intelligence artificielle et d’obtenir des résultats généralement bluffants. Il se trouve que la technologie permet aussi de créer des pistes audio dans lesquelles des voix de célébrités sont reproduites de toute pièce pour leur faire dire ou chanter des choses qu’elles n’ont jamais dites/chantées avant.

Sur YouTube, la chaine « Vocal Synthesis » s’amuse à partager des créations audio dans lesquelles des œuvres populaires sont interprétées par des personnalités connues… dont la voix a été entièrement créée par une intelligence artificielle. Développé par Google, le programme permet de créer des pistes originales et inattendues : Jay Z qui rappe du Hamlet, Bob Dylan qui chante « Baby one more time » de Britney Spears ou encore l’ex président américain Georges W. Bush qui reprend « In Da Club » de 50 Cent en mode discours.

Jay Z n’a pas apprécié les créations audio le concernant

Alors que le propriétaire de la chaine « Vocal Synthesis » insiste sur le fait que ses créations audio sont totalement inoffensives, Jay Z, lui, n’a pas du tout apprécié qu’on reproduise sa voix dans des deepfakes audio. Le rappeur est même allé jusqu’à mobiliser son équipe juridique pour obliger YouTube à retirer les vidéos de sa plateforme, arguant qu’il y a « usurpation d’identité » et donc violation des droits d’auteur.

Au début, YouTube avait obtempéré et retiré les vidéos, avant de les remettre en ligne après avoir finalement changé d’avis sur la question. Un porte-parole a expliqué que la demande de retrait de Jay Z est encore « incomplète. » Le rappeur ne pourrait apparemment pas argumenter le droit d’auteur car les vidéos n’impliquent pas une ou plusieurs de ses créations, mais sa voix. Les vidéos ont donc été réintégrées temporairement sur la plateforme, le temps d’éclaircir certains points sur la loi et les deepfakes audio.

Des problèmes juridiques se posent

Cette plainte déposée par Jay Z met en avant une question juridique complexe concernant les deepfakes. Si la loi est bien claire en ce qui concerne la manipulation des images pour produire un contenu truqué, elle reste encore très floue pour ce qui est de la voix. Peter Colin, avocat spécialisé dans le droit de la publicité, a accepté d’apporter quelques éclaircissements sur le sujet :

« Vous et moi possédons nos propres voix en vertu de la loi sur la confidentialité mais les protections pour la voix d’une personnalité publique, tout en étant protégées par le droit à la vie privée ou les droits de propriété sur leur identité, peuvent être troubles. »

En tout cas, pour ce qui est de Jay Z, sa plainte reste pour le moment irrecevable dans la mesure où sa voix n’est pas une « prestation » comme l’explique Valérie-Laure Benadou, professeur spécialisée en propriété intellectuelle, numérique et technologique avancée.

« Ici, ce qui a été diffusé, c’est quelque chose qu’a créé Shakespeare et non pas Jay-Z et qui est aujourd’hui tombé dans le domaine public. D’un point de vue du droit d’auteur, il n’y a pas de souci puisque l’œuvre ‘Hamlet’ n’est plus protégée. »

Elle a également ajouté que « La voix d’un artiste peut être protégée en tant qu’un élément de sa personnalité, en la rattachant à celle-ci, mais la voix ne constitue pas une prestation d’un artiste interprète. Sa voix, c’est lui, sa prestation, c’est ce qu’il chante ou danse par exemple. »

Les clips audio de Jay Z rappant du Hamlet restent donc disponibles sur YouTube pour l’instant mais le rappeur n’a sûrement pas dit son dernier mot. Affaire à suivre donc.

Photo d’illustration De Everett Collection / Shutterstock
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Andy RAKOTONDRABE

Il n’y a pas de réussites faciles ni d’échecs définitifs.

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