Depuis 2 millions d’années, les taux de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi élevés. À cet effet, le réchauffement climatique affecte plusieurs régions du monde, avec ses lots d’aléas climatiques (inondations, sécheresses, hausses de températures, fontes des calottes glaciaires, ouragans, etc.). La civilisation humaine pourrait être menacée si rien ne change dans les prochaines années. En effet, la décarbonation des activités humaines (logement, transport, industrie, production d’énergie…) est de mise afin de limiter les émissions de CO₂.
Il est aussi primordial de capter et de piéger les concentrations de dioxyde de carbone déjà présentes dans l’atmosphère. Diverses solutions innovantes sont actuellement à l’étude. En ce sens, un groupe de phytotechniciens a récemment révélé leur idée de transformer les déserts en puits de carbone. Ils ont effectué une recherche autour de l’ingénierie du sol-plante-microbiome pour créer une méthode de séquestration du carbone à long terme et à l’échelle mondiale. Explications.
Pourquoi se tournent-ils vers les régions arides ?
La plupart du temps, le reboisement est considéré comme la solution la plus simple et la plus efficace pour capter le CO₂ atmosphérique. Cependant, les essences d’arbre utilisées nécessitent souvent des terres fertiles, qui sont déjà occupées en grande partie par des exploitations agricoles. C’est la raison pour laquelle cette équipe de scientifiques de l’Université des sciences et des technologies du roi Abdallah, en Arabie Saoudite, s’est orientée vers les déserts.
Ces zones abritent peu de végétation en raison de la rareté de l’eau. Ce choix évitera ainsi de créer une sorte de concurrence avec les secteurs de l’agriculture et de la production alimentaire. Le professeur Heribert Hirt et ses collègues proposent, en effet, de « reverdir » ces régions arides, qui couvrent environ un tiers de la surface terrestre. Ils ont mené des études sur la capacité des terres arides à stocker le carbone, les espèces végétales oxalogènes adaptées aux conditions météorologiques extrêmes et les bactéries auxotrophes.
Les conditions requises pour séquestrer efficacement le carbone dans les déserts
Afin de convertir des écosystèmes désertiques en systèmes de capture du carbone efficaces, plusieurs critères devraient être considérés, selon ces chercheurs. Il est essentiel de vérifier la santé du sol et son microbiome ainsi que d’optimiser le rendement photosynthétique des plantes. Il convient de noter que le carbone terrestre est réparti dans la lithosphère, les océans, le sol, l’atmosphère et la biosphère. La séquestration naturelle de cet élément chimique passe par la capture du CO₂ atmosphérique par les plantes, puis le transfert du carbone vers le sol. Dans les zones arides, le carbone inorganique du sol (CIS) y est plus abondant que le carbone organique du sol (COS).
Ce CIS se forme dans les sols alcalins, arides ou hyperarides, riches en calcium et contenant une source active de bicarbonate. Il y est surtout conservé sous la forme de carbonate de calcium (CaCO3). Afin d’obtenir de bons résultats dans les projets de reboisement des déserts et de piégeage de carbone, la stratégie oxalogénique serait la plus pertinente. Celle-ci repose sur une combinaison optimale type de sol, plantes oxalogènes et microbes oxalotrophes. Cette équipe suggère d’employer des connaissances basées sur l’intelligence artificielle pour créer cette combinaison. En vue d’entamer la transformation des régions arides, elle propose de créer des « îlots de fertilité ». Ces derniers accueilleront des plantes et des bactéries spécifiques pouvant se développer et se répandre pour former une couverture végétale dans ces zones. Plus d’informations : Trends in Plant Science
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