Les inconvénients des hôtels à insectes que les écologistes oublient de mentionner

Les hôtels à insectes font fureur dans les jardins. Mais sont-ils vraiment efficaces ? Voici les inconvénients souvent passés sous silence… et vécus sur le terrain !

L’hôtel à insectes, c’est un peu la cabane de luxe du jardin : une jolie structure en bois, de petits compartiments remplis de paille, de bambous, de pommes de pin… et la promesse de sauver la biodiversité depuis son transat. De mon côté, je n’ai pas cédé à la tentation, car je ne suis pas une grande fan de la « concentration d’insectes » dans mon jardin. Je leur laisse des carrés non tondus, semés de plantes mellifères et de gazon japonais, mais de là à leur proposer un hôtel : sans façon ! Si vous avez l’intention d’installer ce type d’équipement dans votre jardin, je vous préviens immédiatement, que cela présente aussi des inconvénients, pour vous, comme pour les hôtes ! Bien entendu, et comme le recommande l’Office Français de la Biodiversité, il faut protéger les insectes, mais il faut aussi connaître les limites de ces installations pourtant très tendance. Voici les inconvénients souvent passés sous silence des hôtels à insectes ! C’est parti.

Un hôtel à insectes, qu’est-ce que c’est ?

C’est une structure en bois ou en matériaux naturels, compartimentée pour offrir un abri aux insectes dits « auxiliaires » : abeilles solitaires, chrysopes, syrphes, coccinelles, perce-oreilles… Ces petites bêtes sont utiles au jardin, car elles pollinisent, dévorent les pucerons, aèrent le sol. L’hôtel à insectes leur propose un logement, surtout pendant l’hiver ou la reproduction. Une belle idée en théorie, mais vous devez absolument lire ce qui suit, si vous envisagez une installation dans votre jardin.

Des cases d'hôtel à insectes.
Les insectes n’apprécient pas tous les mêmes matériaux, il faut donc diversifier les habitats. Crédit photo : N. Kleczinski pour NeozOne

Inconvénient n° 1 : une efficacité parfois… très théorique

Soyons honnêtes : beaucoup d’hôtels à insectes restent désespérément vides. La raison ? Soit l’emplacement est mal choisi, soit les matériaux utilisés ne correspondent pas aux besoins réels des insectes. Résultat : les abeilles snobent l’hôtel, et préfèrent creuser des galeries dans le sol ou s’installer dans un coin plus discret. Même bien conçu, un hôtel peut seulement attirer 10 à 20 % des espèces visées, et le reste du logement reste à l’abandon, comme une résidence secondaire jamais finie. Et, si vous le choisissez en bois, vous devrez l’entretenir chaque année, le vernir avec un produit écologique, sans odeurs, etc.

Inconvénient n° 2 : des conflits entre colocataires

Si certaines espèces sont paisibles, d’autres sont plus territoriales que prévu. Dans un même hôtel, il peut y avoir de véritables disputes d’insectes : abeilles contre guêpes, perce-oreilles contre fourmis… Et, devinez qui gagne ? Souvent, l’espèce la plus agressive, qui monopolise tout l’espace, empêchant les autres de s’installer. Bref, on voulait créer un havre de paix… et on obtient une guerre des boutons !

Un hôtel à insectes vendu sur Amazon.
Héberger des insectes est une bonne chose pour la biodiversité, mais cela peut se transformer en bataille lorsqu’une espèce défend son territoire. Crédit photo : capture d’écran Amazon

Inconvénient n° 3 : pas toujours adapté aux petits espaces

Installer un hôtel à insectes sur un balcon, une terrasse ou un petit coin de jardin peut sembler une bonne idée. Mais, concrètement, cela prend de la place, et le contact étroit avec les humains peut dissuader les insectes de venir. Sans compter les voisins qui peuvent être gênés par la proximité d’abeilles ou d’insectes qu’ils préfèrent observer de loin…

Inconvénient n° 4 : une cible facile pour les prédateurs

Eh oui, un hôtel bien rempli attire les prédateurs à plumes ou à poils. Les oiseaux insectivores, mais également les chats curieux, s’en donnent à cœur joie. Certains grattent, d’autres picorent à travers les ouvertures. Résultat : le refuge se transforme en buffet à ciel ouvert, ce qui réduit à néant vos efforts de protection de la biodiversité.

Un hôtel pour insectes en bois.
Un hôtel à insectes peut vite se transformer en garde-manger pour prédateurs. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Inconvénient n° 5 : sensible aux intempéries

Pluie battante, vent fort, gel, soleil brûlant… les hôtels à insectes sont rarement conçus pour résister à tous les caprices du climat. Et, quand la structure se détériore, elle devient non seulement inefficace, mais parfois même dangereuse pour ses occupants. Un clou rouillé, une planche qui se détache, un abri inondé : autant de raisons pour que vos petits pensionnaires opèrent un demi-tour.

Un abri pour insectes en pleine nature.
Les aléas climatiques peuvent endommager votre abri pour insectes. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Inconvénient n° 6 : des besoins très spécifiques et difficiles à anticiper

Chaque insecte a son petit confort. Certains veulent du bois tendre, d’autres du bambou bien sec, d’autres encore des feuilles mortes ou de la moelle de sureau. Vouloir tout regrouper dans un seul hôtel, c’est un peu comme vouloir héberger poissons rouges, hamsters et perroquets dans le même bocal. La diversité est une belle idée, mais difficile à concrétiser sans une connaissance fine des espèces locales.

Des inconvénients… mais également de vrais atouts

Ne soyons pas injustes : bien que perfectibles, les hôtels à insectes peuvent jouer un rôle pédagogique et sensibilisateur, notamment auprès des enfants. Ils incitent à observer, à comprendre le rôle des insectes, à jardiner autrement. Et, si vous choisissez un modèle bien conçu, bien placé, bien entretenu, avec des matériaux adaptés, vous pouvez réellement offrir un abri à certaines espèces en danger, comme les abeilles solitaires.

Un mini hôtel à insectes installé par un père et sa fille.
Un mini hôtel à insectes peut également avoir un aspect pédagogique pour les enfants. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Voici un résumé des points à considérer :

  • Choisir un bon emplacement : calme, ensoleillé, à l’abri du vent et de la pluie.
  • Utiliser des matériaux naturels et non traités
  • Limiter le nombre d’espèces visées : mieux vaut viser quelques espèces que vouloir tout accueillir.
  • Éviter les hôtels trop « décoratifs » vendus en magasin, mais inadaptés à la réalité biologique.
  • Surveiller l’état de la structure chaque saison et la nettoyer au besoin.
  • Éloigner l’hôtel des zones de passage pour favoriser la tranquillité des insectes.
  • Compléter avec des plantes mellifères dans le jardin pour attirer les pollinisateurs naturellement.
Infographie : quels sont les inconvénients des hôtels à insecte que l'on oublie de vous mentionner ?
Infographie : quels sont les inconvénients des hôtels à insecte que l’on oublie de vous mentionner ?
Crédit infographie : www.neozone.org.

Mon expérience personnelle, dans ma commune !

Il y a quelques années, nous avons installé quatre hôtels à insectes dans la commune dans laquelle je suis élue depuis 2020. Malheureusement, nous avons pu constater nous-mêmes, les inconvénients que je viens de vous mentionner ! Après trois ans d’installation, les hôtels à insectes ne sont pas habités, pourtant installés selon les recommandations de notre fabricant… C’est le désert dans ce qui devait être un refuge pour la biodiversité ! De plus, ces derniers nécessitent, chaque année, un entretien par les services techniques, et par conséquent, du temps à passer pour que les hôtels restent en parfait état.

Un hôtel à insectes sur un tronc d'arbre.
Un hôtel à insectes nécessite d’être entretenu s’il est en matériaux naturels comme le bois. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Désormais, vous savez tout ou presque sur les hôtels à insecte, et connaissez leurs inconvénients. Néanmoins, si vous en installiez un et que quelques abeilles solitaires venaient l’habiter, ce serait toujours ça de gagné pour la biodiversité ! Et vous, avez-vous déjà installé un hôtel à insectes chez vous… et qu’en ont pensé vos pensionnaires à six pattes ? Vous avez une anecdote ou une remarque ? Dites-nous tout ! Nous serions ravis de lire votre retour d’expérience. Et si vous avez repéré une coquille, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

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