La harpe électrique, une arme redoutablement efficace contre les frelons asiatiques

Électrocutez les frelons, pas les abeilles ! Grâce au GDSA21 et à quelques bons réflexes, voici comment fabriquer une harpe aussi utile qu’efficace.

Le frelon asiatique, nous sommes désormais forcés de vivre avec, malheureusement, car nous savons qu’il sera impossible de l’éradiquer de nos territoires. Arrivé en France, en 2004, par le biais d’une poterie importée d’Asie, il a, depuis 20 ans, fait de nos campagnes, ses territoires. Et, de nos abeilles, son mets favori, au grand désespoir des apiculteurs. Et, c’est justement du Groupement de Côte-d’Or que nous vient l’idée, et surtout le tuto complet d’un piège efficace et sélectif. Dans cet article, je vais vous parler de la harpe électrique anti-frelons : une invention simple, mais redoutablement efficace pour protéger les ruches attaquées par le frelon asiatique (Vespa velutina). À partir de 200 € (voire bien moins en DIY), ces dispositifs peuvent électrocuter plusieurs centaines de frelons par semaine. Ils tirent leur nom de la rangée de fils tendus verticalement, parcourus d’une tension électrique. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle a connu un essor avec les retours positifs d’apiculteurs comme Mickaël Bigarré près de Toulouse, ou grâce aux travaux de synthèse comme celui de M. Péchinot pour le GDSA 21. Voici un guide complet pour fabriquer une harpe électrique ! C’est parti.

Comprendre la construction des différentes harpes

On distingue généralement deux grands types de harpes électriques : le modèle sur cadre rigide (type « grande harpe ») et le modèle pliable dit « harpe tréteau ». Tous deux fonctionnent selon le même principe : des fils métalliques disposés en alternance sont reliés à deux pôles d’un générateur haute tension (environ 1800 à 2200 volts). Lorsqu’un frelon entre en contact avec deux fils, il est étourdi par une étincelle. Un bac rempli d’eau savonneuse situé en dessous le noie. Vous pouvez aussi remplir ce même bac du mélange vin blanc, bière et sirop de cassis… Le vin blanc est essentiel, il attire les frelons asiatiques, mais repousse les abeilles !

Une harpe électrique réalisée avec un tréteau en bois.
Une harpe électrique réalisée avec un tréteau en bois revient environ à 20 € (hors panneau et cartes électroniques). Crédit photo : M.Pechinot GDSA21

Focus sur la partie mécanique

Le modèle tréteau est l’un des plus accessibles pour les bricoleurs, avec un coût d’approximativement 20 € sans l’alimentation. Il peut être replié et stocké facilement. Le modèle fixe, plus encombrant, propose une plus grande surface de piégeage, mais demande plus de matériaux. M. Péchinot recommande l’usage de fils inox de 0,3 mm pour leur discrétion, et insiste sur la nécessité d’une bonne isolation électrique via des réglettes en PEHD.

Focus sur la partie électronique

L’alimentation électrique peut être assurée par un panneau solaire (minimum 50W), une batterie de voiture, ou le secteur via un convertisseur 12 V. Le voltage doit être régularisé à 4.2 V à l’entrée du module haute tension. Une attention particulière doit être portée à la sécurité : interrupteur de gravité, coupe-circuit en cas d’humidité et boîtier étanche.

Tuto express : fabriquer une harpe anti-frelons classique

Pour réaliser une harpe tréteau manuelle, commencez par récupérer un petit cadre bois type chevalet ou demi-chevrons. Fixez deux barres métalliques gainées (type fer à béton + gaine électrique) en haut et en bas, espacées de 80 à 90 cm. Percez à intervalles réguliers pour tendre une vingtaine de fils inox tous les 27 à 30 mm. Fixez-les en alternance en haut et en bas. Il vous faudra ensuite créer des ponts électriques entre un fil sur deux, d’abord en bas, puis en haut, pour constituer deux phases distinctes. Chaque phase sera reliée au module HT. Prévoyez un bac à eau savonneuse en dessous du piège pour noyer les frelons étourdis.

Schéma d'installation pour les fils d'inox.
Schéma d’installation pour les fils d’inox. Crédit photo : M.Pechinot GDSA21

Tuto express : fabriquer la partie électronique selon le GDSA21

Le GDSA21 recommande un module HT à 1800 V alimenté par une source 4,2 V stabilisée. Pour cela, utilisez un panneau solaire (50 W minimum), relié à un petit régulateur solaire et une batterie tampon (12 V, 10 Ah). Branchez ensuite un régulateur de tension à affichage LED, réglez-le à 4.2 V max, puis connectez le module HT. Celui-ci sera ensuite relié aux deux phases de la harpe par pinces crocodiles. Pensez à protéger l’ensemble dans un boîtier étanche IP55 avec sortie de fils par le bas. Un test rapide avec un tournevis isolé entre deux fils permet de vérifier la présence d’une étincelle. Et, pour les zones à risque d’incendie, ajoutez un interrupteur de gravité : en cas de basculement, il coupera automatiquement le courant.

Les systèmes électroniques.
Pensez à placer vos cartes électroniques à l’abri dans un boitier étanche, et à recouvrir l’arrière de scotch isolant (côté soudures). Crédit photo : M.Pechinot GDSA21

Les points clés à retenir avant de construire sa harpe

Avant de se lancer dans la fabrication d’une harpe, mieux vaut avoir en tête les fondamentaux. Ces quelques règles pratiques permettent d’éviter bien des erreurs de départ.

  • L’espacement idéal entre fils est de 27 à 30 mm : trop serré, vous perdez des abeilles ; trop large, les frelons passent.
  • Le fil idéal : inox 0,3 mm, plus discret que le 0,5 mm.
  • Une double rangée de fils (harpe double) augmente l’efficacité.
  • Peindre le cadre en vert mat limite la détection visuelle par les frelons.
  • Une réglette en PEHD ou polycarbonate est idéale pour l’isolation.
  • L’énergie doit être de 1800-2200 V max, 4.2 V en entrée du module HT.
  • Un bac à eau savonneuse ou un récipient sec avec grille permet de tuer les frelons.
  • Installer les harpes parallèlement aux ruches, jamais devant les planches d’envol.
  • En environnement sec, ajouter un détecteur de basculement ou un toit de protection.

Avec ces repères simples, mais essentiels, vous augmentez vos chances de réussir une harpe fonctionnelle, durable et vraiment efficace contre les frelons asiatiques.

Des résultats concrets, mais des limites à connaître

Les retours d’apiculteurs comme Mickaël Bigarré ou ceux présents dans le rapport du GDSA21 sont unanimes : les harpes réduisent drastiquement la pression des frelons asiatiques au rucher. Dès l’installation, les abeilles recommencent à sortir, à butiner, et la ruche reprend vie. Nous vous en parlions dans cet article sur les systèmes anti-frelons. Mais, ce dispositif a aussi ses contraintes : les problèmes d’alimentation en période pluvieuse, les pertes énergétiques par humidité, la précision du montage et le risque d’accidents si l’on est peu expérimenté. Le matériel peut aussi attirer les voleurs dans les ruchers isolés (panneaux et batteries).

Test d'une harpe électrique.
Essai d’un prototype de harpe électrique sur le terrain. Crédit photo : M.Pechinot GDSA21

Enfin, comme le souligne M. Péchinot, il faut bien respecter les préconisations d’installation : pas de harpe à l’entrée de la ruche, pas de muselière-électrode, et surtout, un bon entretien du montage pour éviter l’électrocution accidentelle des abeilles. En saison, le meilleur ratio semble être une harpe pour 4 à 5 ruches. Et vous, seriez-vous prêt à construire ou installer une harpe électrique pour protéger vos abeilles des frelons asiatiques ? Et vous, que pensez-vous de cette solution ? Dites-le-nous en commentaire : cliquez ici pour publier un commentaire . Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !

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Méline Kleczinski

Jeune rédactrice de 23 ans, j'écris depuis trois ans, avec une préférence pour les domaines liés à l'actualité, à la psychologie, aux études scientifiques, ou à la protection et l'environnement dans son ensemble. Mon petit parcours de rédactrice junior s'inspire de différentes études scientifiques, ou de sujets d'actualité abordés dans différents médias que je suis avec intérêt. Particulièrement touchée par la protection des animaux, j'aime vous transmettre les avancées et les lois relatives au bien-être animal. Personnellement engagée comme présidente d'une association, je mets un point d'honneur à protéger les animaux de toute nature (hérisson, abeilles, insectes, chiens ou chats)... Je n'ai probablement pas l'expérience professionnelle de certains rédacteurs en matière de politique, de principes scientifiques. Mais, je tente d'apporter ma petite pierre à l'édifice en vous racontant mes expériences et mes réflexions dans des domaines qui me touchent. Et, puisque la vie est une surprise chaque jour, je considère chaque jour comme une opportunité d'apprentissage et d'évolution. C'est la raison pour laquelle, à 23 ans, j'ai encore besoin d'apprendre des milliers de choses, et de me cultiver pour vous conter encore plus d'histoires passionnantes. Rejoignez-moi dans cette aventure de découverte et de réflexion, où la curiosité et le souci du bien-être animal se rejoignent pour inspirer des discussions et des actions porteuses de sens... Ma passion pour les animaux en général a toujours été au cœur de mes préoccupations. Soucieuse de leur bien-être et de leur place dans notre monde, je m'efforce de sensibiliser mon audience à leur protection, à travers des articles informatifs et engagés. Qu'il s'agisse de sujets comme la conservation des espèces, les droits des animaux ou simplement des anecdotes touchantes, je trouve une grande satisfaction à partager mes connaissances et mes réflexions pour encourager une prise de conscience collective. En tant que jeune professionnelle, je considère chaque jour comme une opportunité d'apprentissage et d'évolution. Je m'efforce de rester à l'affût des dernières découvertes scientifiques, des débats sociétaux émergents et des avancées technologiques, afin d'enrichir mon travail et d'offrir à mes lecteurs un contenu pertinent et stimulant. N'hésitez pas à me rejoindre dans cette aventure de découverte et de réflexion, où la curiosité et le souci du bien-être animal se rejoignent pour inspirer des discussions et des actions porteuses de sens..

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