La « plantation d’eau de pluie », une technique ancestrale pour économiser l’eau en période de sécheresse

Planter de l'eau de pluie ? Quelle drôle d'idée ! Et pourtant, cela permet de récupérer l'eau de pluie et de lutter contre les sécheresses annoncées.

Alors que le mois de mai vient à peine de commencer, certains départements français sont déjà en alerte sécheresse. Actuellement, cela implique de réserver l’eau aux professionnels et aux agriculteurs, de ne plus remplir les piscines et d’utiliser l’eau pour arroser sur des horaires déterminés. En Ardèche, quatre bassins versants sont déjà en alerte sécheresse, depuis le 14 avril dernier. Malheureusement, cela ne va pas s’arranger, la pluie n’est pas prévue dans les semaines à venir. C’est justement dans ce département de l’Ardèche, qu’un éleveur de brebis a eu l’idée de « planter de l’eau de pluie » ! Certes, une expression étonnante, mais une idée géniale pour préserver la ressource en eau. On vous explique tout !

Planter de l’eau de pluie, qu’est-ce que cela veut dire ?

Clément Damiens, 26 ans, élève 500 brebis dans la commune de Champis. La gestion de l’eau est donc au cœur de son exploitation. Ses bêtes ont évidemment besoin de boire, nécessitant une quantité importante d’eau. Même si les récupérateurs d’eau de pluie sont, à priori, la meilleure alternative, ils ne sont pas suffisants pour abreuver ses brebis. Il a alors pris l’initiative de creuser des fossés sur son exploitation. Ces fossés forment ainsi des récupérateurs d’eau de pluie naturels, dans lesquels les brebis peuvent s’hydrater. C’est ce que l’on appelle « planter de l’eau de pluie ».

Des fossés de 50 centimètres de profondeur pour économiser l'eau d'arrosage.
Des fossés de 50 cm de profondeur pour économiser l’eau. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : Shutterstock

Comment ça marche ?

Le réchauffement climatique implique des saisons de plus en plus sèches et de la pluie qui tombe de moins en moins. Et lorsqu’elle est tombe, c’est souvent lors de pluies diluviennes ! L’idée est donc de creuser des fossés en amont du ruisseau passant sur son exploitation. Ainsi, lorsque l’eau tombe enfin du ciel, elle passe d’abord par ces fossés, avant de rejoindre le ruisseau. Cela permet une irrigation des prés, et donc une herbe de meilleure qualité pour ses brebis. Par ailleurs, ces fossés deviennent également des réserves d’eau dans lesquelles les brebis peuvent s’abreuver.

Quels sont les avantages de ces fossés ?

Planter de l’eau de pluie peut sembler étrange, mais cela revêt plusieurs avantages. Tout d’abord, cela permet de ralentir le ruissellement de l’eau, et de l’aider à s’infiltrer dans les sols, à divers endroits de la pâture. Cela permet par ailleurs de disposer de cuves de stockage naturelles, et donc de conserver l’excédent du bassin. Enfin, cela ralentit la fuite de l’eau vers le ruisseau. Pour ce faire, l’agriculteur a investi environ 35 000 € financés par la compagnie nationale du Rhône, les collectivités locales et l’État. Il a creusé quatre fossés de 50 cm de profondeur sur deux kilomètres. Un mois plus tard, à la suite d’un violent orage, il a été conforté dans son idée, puisque l’un des fossés a fini par déborder.

Clément a également planté 2 000 arbustes le long de son canal de fossé de deux kilomètres, pour ramener la biodiversité, préserver le fossé du vent et permettre un meilleur stockage de l’eau de pluie. Il est important de comprendre que même si la quantité totale d’eau ne diminue pas nécessairement sur une année, les précipitations sont souvent irrégulières et peuvent entraîner de longues périodes de sécheresse. L’objectif des techniques traditionnelles consiste à retenir l’eau de pluie afin de la laisser s’infiltrer lentement dans le sol. C’est précisément l’intérêt des rigoles explique Jacques Dubay, président de la Communauté de communes Rhône Crussol dans une interview accordée à la chaîne France 3. Cette technique est une première en Ardèche, mais l’invention ne date pas d’hier… Elle devrait être reprise par de nombreux agriculteurs cette année !

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Source
France3-regions.francetvinfo.fr

Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

3 commentaires

  1. La lecture de cet article m’enthousiasme, et en même temps me désole.
    Ce qui me desole est de savoir qu’il y a quelques disaines d’années, des agriculteurs, ou paysans à l’époque, ont été fortement influencés et même payés pour détruire les fossés, talus et haies qui formaient nos bocages aux 4 coins de notre beau pays.
    Ce que m’enthousiasme c’est de voir qu’aujourd’hui on est capable de revenir sur les erreurs du passer, grâce au bons sens.
    Pour l’agriculture comme pour le reste, ayons une vision à long terme, et notre système, tout comme notre planète nous remercieront. Les hauts rendements ne fonctionnent par essence que sur du très court terme.

  2. Ce système n’est pas nouveau
    En Dordogne où j élevé des limousines les prés étaient irrigués par un système de canaux creuses à la main. Plusieurs propriétaires y avaient des droits ,en sorte que plus vous étiez près de la source moins vous aviez de jours d eau laissant ainsi le bénéfice à ceux do t les prairies étaient éloignées
    Malheureusement tout ce système n à pas été entretenu et même dégradé par manque de connaissance du principe
    Quel dommage et ces chef d’œuvres de constructions date du moyen âge

  3. Ce genre de système existe depuis longtemps , dans les montagnes en Italie du Nord c’est toujours entretenu et utilise. En forêt d’île de France l’ONF fait des plantations d’arbuste avec des fossés dans le sens de la pente …cherchez l’erreur

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