L’invention de l’espace dans les textes, de la « scriptio continua » à l’apparition des mots et des phrases

Les concepts de mot et de phrase étaient encore particulièrement flous dans les anciens manuscrits. Des siècles d’innovation ont été nécessaires pour que l’écriture respecte les règles actuelles.

Si l’écriture a vu le jour durant l’Antiquité, il faut savoir que les concepts de mot et de phrase étaient encore très flous à l’époque. Il a fallu plusieurs siècles d’évolution et d’innovation pour que les textes soient plus aisés à déchiffrer et respectent les règles actuelles. Durant l’Antiquité, les textes grecs et latins ne comprenaient aucun espace ni repère, permettant de les déchiffrer rapidement et aisément. À cette époque, les manuscrits étaient réalisés selon une technique appelée « scriptio continua » (également nommée « scriptura continua »).

De la scriptura continua à l’invention des espaces

Cette méthode consistait à écrire des lettres de même calibre et à les coller les unes aux autres, sans aucune séparation ni ponctuation. Avant de lire des textes, les orateurs devaient passer par une phase de préparation plus ou moins longue et mémoriser toutes les interruptions, ainsi que les césures présentes dans les discours. Au VIIe siècle, face aux difficultés auxquelles ils étaient confrontés lors de la lecture des textes latins, des moines irlandais ont décidé de séparer les mots et d’ajouter des signes, ainsi que des espaces plus conséquents entre les propositions. Cependant, ces innovations n’ont été adoptées que dans les pays anglo-saxons et celtiques. Les textes qui provenaient d’Angleterre et qui appliquaient ces nouvelles règles étaient systématiquement recopiés selon la méthode de la « scriptura continua », une fois dans d’autres pays européens.

Virgile, Géorgiques (Vergilius Augusteus), 141ff, capitale romaine et scriptio continua.
Virgile, Géorgiques (Vergilius Augusteus), 141ff, capitale romaine et scriptio continua. Crédit photo : Wikimedia / late antique copyist — late antique manuscript, Domaine public

Les évolutions sous le règne de Charlemagne

Si, au début, les pays européens étaient réticents à adopter les nouvelles règles mises en place par les moines irlandais, c’était en grande partie dû à leur volonté de réserver la lecture à une élite. Toutefois, des changements ont commencé à être appliqués durant le règne de Charlemagne. Le roi des Francs a décidé de rénover l’écriture et des grammairiens tels qu’Alcuin ont œuvré pour faciliter la lecture. À cette époque, la nouvelle écriture caroline s’est distinguée de l’ancienne méthode par la présence de majuscule en début de phrase, mais également de signes de ponctuation. Les éléments d’une énumération étaient séparés par des points, tandis que des ponctuations ressemblant à des points-virgules indiquaient la chute ou la montée de la voix, en fonction de leur orientation.

Vers une meilleure lisibilité des écritures

Malgré les nombreuses innovations apportées aux textes durant le règne de Charlemagne, ceux-ci étaient encore relativement compliqués à lire, et cela, en raison de la mauvaise utilisation des espaces. Ces derniers étaient insérés de manière aléatoire et pouvaient même, dans de nombreux cas, séparer les syllabes de mots. Il a fallu attendre l’arrivée des traités arabes pour que les écritures atteignent un niveau plus élevé de lisibilité en Occident. Ces traités étaient traduits en latin et les mots étaient séparés de manière à ce que le lecteur comprenne plus facilement les phrases et se concentre davantage sur le sens des discours. Au XIIe siècle, la séparation des mots ainsi que l’insertion de points à l’intérieur et à la fin de chaque phrase rendaient les textes plus clairs.

@patrickbaud

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♬ son original – Patrick Baud

Des changements linguistiques ont également été réalisés pour éliminer certaines ambiguïtés liées aux interprétations. Un siècle plus tard, bien que les livres universitaires et les Bibles ne bénéficiaient pas d’une lisibilité optimale en raison des nombreuses abréviations et du manque de clarté de l’écriture gothique, ils étaient écrits suivant des règles bien précises. Outre la séparation des mots, les phrases étaient facilement identifiables grâce à une majuscule au début et un point à la fin. Par ailleurs, les différentes idées étaient indiquées par des pieds-de-mouche et des barres obliques ont fait leur apparition pour marquer une pause de courte durée, à l’instar des virgules. Au XVe siècle, d’autres ponctuations et signes typographiques ont vu le jour, à savoir les parenthèses et les points d’exclamation. Que pensez-vous de cette innovation ? N’hésitez pas à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .

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Raharisoa Saholy Tiana

Je m’appelle Tiana et je suis rédactrice web professionnelle. J’ai une affinité particulière pour les sujets d’actualités et sur tout ce qui a trait à l’environnement, à l’innovation et au lifestyle. Depuis plusieurs années, j’ai couvert un large éventail de sujets liés entre autres aux questions environnementales et aux nouvelles technologies. Chez Neozone, j’interviens pour vous faire découvrir ces sujets fascinants, qui peuvent apporter de grands changements dans la société et qui méritent d’être mis en lumière. De nature curieuse et créative, j’ai toujours voulu devenir une journaliste web francophone. Après avoir obtenu mon diplôme de maîtrise en droit privé à l'université d’Antananarivo, j’ai décidé de me former aux métiers de la rédaction. J’ai commencé dans une agence web locale, avant de me lancer dans le « freelancing ». Cela fait plus de 10 ans que j’évolue dans ce secteur, en collaborant notamment avec de nombreuses agences et sites internationaux. Cette citation de Léon Trotsky m’inspire et me motive au quotidien : « La persévérance, c'est ce qui rend l'impossible possible, le possible probable et le probable réalisé. »

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