« Il y avait déjà des indications d’un lien génétique entre la forme de notre visage et celle de notre cerveau », a fait savoir le professeur Peter Claes du Laboratoire d’imagerie génétique de la Katholieke Universiteit Leuven (Belgique), co-auteur d’une étude publiée le 5 avril dernier dans Nature Genetics.
Toutefois, les données dont nous disposons à propos de ce lien se limitaient à « la recherche d’organismes modèles et la connaissance clinique de conditions extrêmement rares [maladies génétiques rares, ndlr]. » Un groupe de chercheurs incluant également le professeur Joanna Wysocka de l’Université de Stanford a donc essayé de déterminer le lien génétique entre notre visage et notre cerveau de façon plus approfondie.
Les données d’IRM cérébrale de 20 000 personnes analysées
L’équipe a adopté une approche différente des recherches précédentes en menant des études sur des individus en bonne santé et non sur des patients souffrant de maladies génétiques rares. Pour cela, elle a mis en œuvre une méthodologie basée sur une étude antérieure qui visait à identifier les gènes responsables de la forme du visage. En plus de s’être basés sur ces connaissances acquises précédemment, les chercheurs ont analysé les données d’IRM cérébrale de 20 000 individus disponibles dans la UK Biobank.
Plus de 300 nouveaux emplacements génomiques repérés
Selon les explications de Claes, leurs travaux se sont focalisés sur les variations de la surface externe pliée du cerveau, « la forme de noix typique ». Ensuite, ils ont fait le lien entre les données issues des analyses d’images et les informations génétiques à leur disposition.
Cette technique leur a permis d’identifier 472 emplacements génomiques qui ont des effets sur la forme du cerveau. 351 de ces emplacements seraient inconnus jusqu’à présent. L’équipe a également détecté pas moins de 76 emplacements génomiques qui se chevauchent et façonnent notre visage et notre cerveau.
Aucun lien génétique avec les capacités cognitives
Cette découverte rend l’hypothèse du lien génétique entre le cerveau et le visage probante, a souligné le professeur Claes. Les chercheurs ont en outre trouvé des preuves attestant que les voies de signalisation génétiques à l’origine de la formation du cerveau et du visage sont enrichies dans des parties du génome qui régulent l’activité des gènes au cours de l’embryogenèse.
Cela a du sens étant donné que le développement du cerveau et celui du visage sont étroitement liés. Par contre, aucun lien génétique avec les capacités cognitives n’a été détecté. Ces résultats contribuent ainsi à invalider les arguments pseudo-scientifiques qui suggèrent un quelconque lien entre la forme de notre visage et notre faculté mentale.
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