Des planches de surf éco-responsables grâce à l’impression 3D et… aux algues !

Fabriquer des planches de surf 100 % biosourcées et 100 % bretonnes : c’est le projet audacieux de Paradoxal Surfboards.

Biosourcer au maximum la structure interne des planches de surf et, à terme, réaliser des planches exclusivement faites à partir d’algues. Voilà le défi hors norme que compte bien relever Jérémy Lucas, fondateur de Paradoxal Surfboards. Ce projet ambitieux est né d’un double constat. D’un côté, des surfeurs qui manifestent un intérêt évident à la cause environnementale, mais qui ont peu d’alternatives à l’utilisation d’un équipement directement issu de l’industrie pétrolière. De l’autre, une pollution maritime qui s’accentue et un phénomène que l’on connaît parfaitement sur les plages bretonnes : les échouages massifs d’algues. Alors Paradoxal Surfboards a décidé de combiner ces deux problématiques liées à l’océan pour en faire une solution innovante. L’entreprise réalise des planches de surf à partir d’algues d’échouages, un concept rendu possible grâce à l’impression 3D.

Des algues utilisées comme substitut au pétrole

Une planche de surf est un pain en mousse sur lequel sont ajoutées des fibres et de la résine. Dans la majorité des planches vendues à travers le globe, ce noyau est composé de polystyrène ou de polyuréthane : des matériaux issus de la pétrochimie. Une matière première qui vient de loin, qui consomme énormément d’énergie et qui est difficilement recyclable : on a vu mieux en matière d’écologie ! Paradoxal Surfboards a donc décidé de remplacer cette structure interne polluante par un matériau éco-sourcé qui abonde en Bretagne : les algues. Avant de se retrouver au cœur des planches, ces algues, vertes ou brunes (sargasse) sont collectées, lavées, déshydratées puis réduites en poudre. La poudre d’algues vertes est ensuite conjuguée à du cordage de bateau recyclé, un polyéthylène haute masse résistant aux U.V et à l’eau de mer. La poudre de sargasse, quant à elle, est conjuguée à un biopolyester recyclable.

Des algues utilisées comme substitut au pétrole
Des algues utilisées comme substitut au pétrole. Crédit photo : Jérémy Lucas de Paradoxal Surfboards

Les matériaux ainsi obtenus sont ensuite transformés en bobines afin de permettre l’impression 3D. Une fois la structure interne réalisée, des fibres et de la résine biosourcée à 50 % viennent recouvrir le tout. À terme, l’entreprise projette de créer des planches entièrement organiques en développant un nouveau type de fibres et de résine, exclusivement à base d’algues. La volonté de Paradoxal Surfboards dépasse sa seule détermination à concevoir des planches plus respectueuses de l’environnement. Il s’agit, parallèlement, de répondre aux attentes et aux exigences de la pratique du surf. La sargasse, par exemple, présente des qualités remarquables qui permettent de répondre à cet objectif de performance. Sa richesse en fibres lui confère une parfaite compatibilité avec un produit destiné à subir de fortes contraintes mécaniques.

Le choix de planches de surf imprimées en 3D

Le choix de la technologie de l’impression 3D s’est imposé pour plusieurs raisons. La première raison est directement liée à la matière première nécessaire à la fabrication des planches. En effet, l’impression 3D permet de recourir à des matériaux innovants et biosourcés tels que les algues utilisées chez Paradoxal Surfboards. Ensuite, contrairement au façonnage des pains en mousse, la conception 3D permet d’ajouter de la matière aux endroits qui seront davantage sollicités. Une innovation très intéressante sur des produits tels que les planches de surf, qui exigent de résister à d’importantes forces extérieures. La technologie 3D vient également faciliter la réalisation d’une structure en treillis circulaires.

Une structure en treillis circulaires.
Une structure en treillis circulaires. Crédit photo : Jérémy Lucas de Paradoxal Surfboards

Cette configuration augmente la résistance de la planche et lui confère une plus grande solidité. Un autre avantage de ce mode de conception est sa capacité à concevoir des produits sans générer de déchets. En effet, les chutes de matière peuvent être réinjectées dans le circuit d’impression. Cette technologie offre également à Paradoxal Surfboards la possibilité de recycler le noyau de ses planches, lorsqu’elles sont hors d’usage, pour en fabriquer de nouvelles. Enfin, l’impression 3D procure la possibilité de créer un design unique et élaboré. Le fondateur a ainsi opté pour le biomimétisme et s’inspire étroitement de la structure d’une algue brune présente partout sur le globe, la diatomée. En résulte une planche translucide qui laisse apparaître sa structure alvéolée si particulière. En définitive, il s’agit d’un choix de conception qui allie un style remarquable avec des performances optimisées.

Les étapes de fabrication d’une planche de surf en 3D

La fabrication des planches repose sur trois grandes étapes, chacune nécessitant des connaissances et du savoir-faire particuliers. Dans un premier temps, la planche est modélisée par les designers à l’aide d’outils de conception et de dessin assistés par ordinateur (CAO/DAO). Une étape complexe durant laquelle il est question de trouver la juste mesure permettant d’obtenir une planche à la fois performante, durable et esthétique. De nombreux paramètres sont à considérer et viennent influer sur le dessin final. C’est le cas des caractéristiques techniques recherchées pour la planche ou de la quantité de matière nécessaire selon le design. Le choix est également fonction du délai de fabrication ou encore du coût de production. Lorsque le modèle est validé, la planche prend forme grâce à une imprimante 3D grand volume et aux fameuses bobines d’algues.

Des bobines d'impression 3D à base d'algues.
Des bobines d’impression 3D à base d’algues. Crédit photo : Jérémy Lucas de Paradoxal Surfboards

Pour ce faire, le processus de récolte et de transformation des algues s’est déroulé en amont. Enfin, c’est l’étape de stratification. Le shaper recouvre la structure interne de fibres puis les imprègne de résine afin de solidifier et d’étanchéifier la planche. Soucieuse de limiter au maximum son impact environnemental et de valoriser l’économie locale bretonne, l’entreprise a choisi de travailler avec des acteurs exclusivement… bretons ! Grâce aux algues et à l’impression 3D, Paradoxal Surfboards a trouvé un moyen pour éco-sourcer au maximum la structure interne de ses planches de surf.

La marque française ne compte pas s’arrêter en si bon chemin avec, à terme, l’objectif de fabriquer des planches exclusivement à base d’algues. Elle s’intéresse également à la revalorisation de filets de pêche d’échouage et à l’application de ce processus de création novateur à d’autres sports nautiques. Un bel exemple de complémentarité entre la recherche d’innovation et la question environnementale. Que pensez-vous de ce procédé ? N’hésitez pas à partager votre avis, vos remarques ou nous signaler une erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire . Plus d’informations : paradoxalsurfboards.com. Article rédigé par Samantha Pinson

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Source
surfsession.comparadoxalsurfboards.com

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