En France, le potentiel hydrolien est de 3 à 5 gigawatts, ce qui en fait le second pays d’Europe. Pourtant, les éoliennes peinent à s’installer. En effet, elles doivent normalement être installées en profondeur, notamment là où les courants marins sont les plus forts pour générer efficacement de l’électricité. De plus en plus de petites hydroliennes voient le jour, souvent à l’initiative de particuliers qui cherchent à économiser ou à des inventeurs qui se passionnent pour ce type de production d’énergie. François Clément, un retraité lorientais, a inventé une hydrolienne en s’inspirant d’un hélicoptère en 2013. L’hydrolienne Clement avait également fait l’objet d’une campagne de financement participatif en 2014, afin de pouvoir être développée.
L’hydrolienne Clement, qu’est-ce que c’est ?
« Elle possède les avantages d’autres hydroliennes sans leurs inconvénients ». François Clément présente ainsi son invention. Le retraité a imaginé son hydrolienne en s’inspirant d’un hélicoptère et a réalisé un premier prototype sur un catamaran de 3 m à l’aide d’une turbine tournant autour d’un axe vertical avec des pales, semblable à celle d’un hélicoptère. Le système est ensuite entrainé par un alternateur électrique. Les intérêts de cette minihydrolienne seraient multiples. Non seulement, elle pourrait être produite à bas coût, mais de surcroît elle fonctionnerait dans les eaux à faibles courants telles les rivières ou les fleuves. Dans le brevet qu’il a déposé à l’INPI (n° 1004915 en date du 25/01/2013) et qu’il obtenu, il était précisé qu’il n’existait pas de modèle identique à celui-là à l’époque. Toujours en 2014, le prototype avait été testé en milieu aérien. Cependant, l’inventeur mentionnait que le milieu aquatique était similaire avec, cependant, une différence : « la puissance de l’eau est 850 fois supérieure à celle de l’air » relatait le journal Ouest France en 2013.
Une hydrolienne innovante
L’inventeur expliquait dans une vidéo publiée sur Facebook que son invention présentait trois avantages majeurs quand on la compare avec une hydrolienne classique.
- Une grande surface de poussée par rapport à la surface frontale.
- Après la première poussée, les panneaux pivotent et restent momentanément bloqués dans leurs mouvements par des butoirs. Cela permet au panneaux de continuer la poussée giratoire jusqu’à arriver face au courant et au point de départ avec un profil optimisé.
- Un faible coût à la fabrication. Ce type d’hydrolienne peut être posé sur le fond, sur un catamaran ou sur une margelle de moulin.
Comment fonctionne cette hydrolienne ?
À la différence des hydroliennes classiques qui sont des modèles à hélices, celle du Lorientais fonctionne avec une turbine à pales et s’oriente dans le sens du courant, sans aucune intervention. La surface de poussée est donc cinq fois supérieure à celle d’une hélice. Elle est aussi deux fois plus petite qu’une hydrolienne classique et nécessite ainsi deux fois moins d’eau pour réaliser un tour complet. Grâce à sa conception originale, elle va en conséquence utiliser seulement les courants de surface et préserver les fonds aquatiques. Pour être installée, elle n’a besoin que d’un bon mouillage ou d’un amarrage à quai. Si elle était installée en France, dans certains estuaires, elle serait capable de produire une quantité importante d’énergie.
Qu’en pense le scientifique Erwan Salomon ?
Avant de déposer son brevet, l’inventeur breton, qui a financé son projet lui-même, a soumis son hydrolienne à un spécialiste en mécanique des fluides et en architecture navale. L’expert scientifique affirmait alors que l’hydrolienne Clement procurait une variété d’implantations possibles et un rendement énergétique intéressant. L’idée de Clément était, en réalité, de concevoir une hydrolienne qui fonctionne « à l’envers ». En 2018, il a donc fait mener des essais sur la rivière d’Etel, avec le concours du chantier Bretagne sud. Le scientifique arguait alors que son hydrolienne était capable de produire 2,5 fois plus d’énergie qu’une hydrolienne classique à hélice.
À l’époque de l’invention, les grands groupes français s’intéressaient encore très peu à l’hydrolien. En revanche, l’inventeur avait tout de même été invité à la Blue Week à Paris pour la présenter. Qu’est-elle devenue ? Nous ne le savons pas, mais l’intérêt pour les minihydroliennes se développe de plus en plus pour faire face à la crise énergétique. Un documentaire de France 3 (ci-dessous) y était consacré en 2018. En 2020, le journal Économie Solidaire indiquait que l’inventeur allait « se tourner vers des entreprises étrangères pour donner un avenir à son projet ». Refera-t-elle surface ? L’avenir nous le dira. Pour plus d’informations : Hydrolienne Clement (Facebook).