Florian et Emmanuelle construisent seuls une maison passive en énergie en région Lyonnaise

Une maison passive de 270 m² construite de leurs mains, c'est l'étonnant défi de Florian et Emmanuelle, un couple originaire de Lyon installé en Isère.

Florian Nicolais et Emmanuelle Vidoret vivent en Isère et ils se sont lancés un défi un peu fou : celui de construire eux-mêmes leur maison passive. Florian est consultant en informatique, Emmanuelle est couturière, et ils consacrent absolument tout leur temps libre à la construction de leur maison, sans l’aide d’aucune entreprise extérieure. Le défi étant de construire une maison de 270 m², avec étage et combles, tout en étant passive. C’est-à-dire qu’« elle ne doit pas monter en température l’été, ni descendre en température l’hiver », explique Florian Nicolais. Locataires pendant cinq ans, puis propriétaires d’un appartement (en VEFA), ils ont décidé de le revendre dans l’objectif de se lancer dans l’aventure de la maison autoconstruite et passive. Pour ce faire, ils ont adhéré à une association : les Castors, et l’on vous explique pourquoi cela leur a permis de réaliser leur rêve !

Pourquoi et comment construire une maison passive ?

Nous avons interviewé Florian, le propriétaire et autoconstructeur de sa maison passive. Il nous explique qu’avec son épouse, l’idée leur est venue d’un besoin d’être autonome sur l’entretien de la maison. « En le faisant nous-mêmes, on ne peut s’en prendre qu’à nous même si ça ne correspond pas à l’idée qu’on s’en faisait, l’erreur est plus facile à accepter du coup. Une autre raison était d’apprendre des choses, d’être autonome sur l’entretien de la maison. Quelque chose casse : on sait le réparer, vu que c’est nous qui l’avons fait. », nous explique Florian. Le couple construit à quatre mains une maison de 270 m², pour un budget de 500 000 €, terrain compris. Leur principal objectif était d’obtenir la certification « bâtiment passif », parmi les 500 bâtiments certifiées en France. La maison d’Emmanuelle et Florian a été autoconstruite à 100 %, sans aucune entreprise de bâtiment. Les seules dépenses contraintes ont été liées aux services d’un architecte, de deux bureaux d’études structures (un bois, un béton), d’une étude de sol, d’une étude d’assainissement individuel et de thermicien. Il y a aussi la taxe d’aménagement « une grosse dépense dans notre cas, car grosse maison ».

Le chantier de construction de Florian Nicolais et Emmanuelle Vidoret.
Le chantier de construction de Florian Nicolais et Emmanuelle Vidoret. Crédit photo : Florian Nicolais

« Nous avons beaucoup de choses à apprendre. Nous ne remplacerons pas un terrassier, un maçon, un charpentier, un électricien, un plombier ou un plaquiste (d’ailleurs, on ne s’interdit pas de faire intervenir des professionnels. Nous apprenons une petite partie de ces métiers et savoir-faire, mais dans un seul objectif : faire notre maison. Et pas une autre. On ne remplacera pas un artisan ou un professionnel. On ne sera pas aussi rapides, peut-être pas aussi soigneux sur certains aspects. Mais on travaille pour nous, on peut décider du temps qu’on passe sur une étape sans avoir de question de rentabilité. On peut détruire et refaire quelque chose jusqu’à en être satisfait, même si c’est toujours un crève-cœur de détruire quelque chose qu’on a mis des heures à faire juste parce que ce n’était pas assez bien fait. Nous n’avons pas de difficulté à s’imposer de respecter les DTU (documents techniques unifiés — les « règles de l’art »), car nous savons que même si c’est plus long, plus difficile, plus cher, c’est pour nous et pour la pérennité de l’ouvrage que nous le faisons », nous raconte Florian.

« Un besoin d’être autonome sur l’entretien de la maison. ».
« Un besoin d’être autonome sur l’entretien de la maison. ». Crédit photo : Florian Nicolais

Ils ont également ajouté quelques frais, pour le permis de construire et pour un bureau d’étude bois. Le projet s’est étalé sur trois ans durant lesquelles la première année a été consacré à la préparation du terrain, à la viabilisation et au garage. La deuxième année a été destinée au terrassement, aux fondations, à l’isolation sous-sol (polystyrène) ainsi qu’au montage des murs du rez-de-chaussée. Les poutres et les planchers d’étage sont en cours. Les derniers travaux seront dédiés à l’aménagement intérieur, aux finitions, etc, « mais on en est loin ! Le gros œuvre n’est toujours pas terminé ». Pour isoler leur maison, ils ont choisi une isolation extérieure, sous la dalle se trouvant sous la fondation (laine de bois entre-montant et fibre de bois extérieur et maçonnerie, bloc de pierre ponce). « Les isolants enterrés sont du polystyrène expansé, beaucoup moins vertueux (mais beaucoup moins cher que du liège ou du verre cellulaire) ». Pour réaliser leur maison, ils ont par ailleurs fait appel à l’association Les Castors, qui leur a permis d’obtenir des réductions sur les matériaux, un courtier pour le côté financier ainsi qu’un thermicien qui les accompagne tout au long du projet. Florian estime qu’il leur faudra encore deux à trois ans de travaux pour que leur maison soit complètement terminée.

Le choix de l’autoconstruction n’était pas qu’une décision motivée par le gain financier, nous précise Florian. En effet, cette option leur permet de faire des choix qu’ils n’auraient pas pu effectués si tous les travaux avaient été réalisés par des professionnels, notamment sur la domotique. « On va domotiser la maison en KNX, il y a peu d’électriciens qui savent faire et ça demande quand même un câblage électrique spécifique (mais plus simple qu’un câblage classique : tout au tableau). Un domoticien en KNX n’est pas si facile à trouver, même s’il y en a plusieurs en France. Faire un enduit en terre crue dans les pièces de vie, afin de réguler l’hygrométrie. Ce n’est pas cher, ça ne demande pas des compétences très poussées, mais c’est chronophage, ça n’intéresse pas beaucoup les professionnels (même si je connais des maçons terre crue qui accompagnent des chantiers). » explique Florian.

Une économie de 60 à 70 % sur le gros œuvre.
Une économie de 60 à 70 % sur le gros œuvre. Crédit photo : Florian Nicolais

L’association Les Castors, qu’est-ce que c’est ?

Les Castors, c’est une association nationale, disposant d’antennes sur le territoire français, dont une en région Rhône-Alpes. Le but de cette association est d’aider ceux qui souhaitent autoconstruire leur maison ou se lancer dans des travaux de rénovation. Fondée depuis plus de 40 ans, Les Castors disposent d’un large réseau de professionnels et de membres qui délivrent des conseils techniques, pratiques, ainsi que des documents spécialisés dans le domaine. « On veut faciliter la vie de tous ces gens qui construisent des maisons et qui écrivent des histoires humaines », explique Fabien-Gil Dei-Ciechi, le seul salarié et permanent des Castors Rhône-Alpes. Les Castors, ce sont aussi des ateliers, des chantiers participatifs, avec toujours des valeurs d’entraide et de partage. Pour Florian et Emmanuelle, ce fut l’occasion d’apprendre, mais également de réaliser de vraies économies, qu’il estime à plus de 100 000 €. « En faisant une partie (voire presque tout), nous-mêmes, on économise en grande partie le coût de main-d’œuvre. Sur le gros œuvre par exemple, c’est environ 60 à 70 % d’économies — moins sur le second œuvre, car certains équipements comme l’électricité ou la plomberie coûtent cher », précise Florian.

Une maison passive, qu’est-ce que c’est exactement ?

Une maison passive est un type de maison très économe en énergie qui utilise des techniques de construction et de conception spéciales, réduisant au minimum la consommation d’énergie nécessaire pour chauffer et refroidir l’intérieur de la maison. Contrairement aux maisons conventionnelles qui consomment beaucoup d’énergie afin de maintenir une température confortable à l’intérieur, les maisons passives sont conçues pour être très bien isolées et étanches à l’air. Ce qui permet de réduire considérablement les pertes de chaleur ou de fraîcheur. Les maisons passives utilisent par ailleurs des fenêtres et des portes de haute qualité pour minimiser les pertes de chaleur ou de fraîcheur à travers les ouvertures. Par ailleurs, elles peuvent utiliser des systèmes de récupération de chaleur, stockant la chaleur de l’air sortant afin de la réutiliser pour chauffer l’air entrant. Ce type de maison génère beaucoup moins de gaz à effet de serre, et permet d’alléger ses factures d’énergie de manière considérable.

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Source
Les-castors.fr

Nathalie Kleczinski

Passionnée de lecture et d'écriture, il était presque logique que je me tourne vers le métier de rédactrice/journaliste professionnelle. Écrire est une passion, un besoin et une manière de communiquer indispensables. Touche-à-tout de l'écriture, j'aime surtout écrire sur des sujets liés à l'environnement, mais aussi à ceux qui prodiguent des conseils, ou des astuces pour vous aider dans votre quotidien. Je suis une adepte des tests en tous genres, surtout s’ils permettent de créer, de faire des économies, ou d’utiliser des produits recycler ! Je voue également une véritable passion aux animaux et suis très sensible à leur bien-être et aux inventions qui peuvent améliorer leurs quotidiens. En revanche, je peux vite devenir cassante lorsqu’il s’agit de parler de maltraitance. Enfin, j’aime découvrir et faire découvrir de nouvelles inventions, de petites choses qui amélioreront notre quotidien, ou celui des personnes en situation de handicap, autre cause qui me tient à cœur. Bénévole dans une association liée à l’aide aux victimes d’accidents de la route, vous comprendrez aisément que cette cause me touche aussi et que j’estime primordial de mettre en avant tout ce qui peut améliorer cette sécurité routière et empêcher un décès supplémentaire sur la route. Ma devise : Carpe Diem, car la vie est courte, et qu'il faut transformer chaque instant en tranches de bonheur !

4 commentaires

  1. Très bel article, je leur souhaite beaucoup de courage dans cette aventure. Beaucoup d’auto-construction se font à l’économie, la RT n’est qu’une norme déjà dépassée chaque fois qu’elle est modifiée, compenser le gain de la main d’oeuvre par des matériaux de qualité est un exemple.

  2. Merci Rénoféroce.
    Comme dans toute construction (et surtout autoconstruction), l’argent reste quand même le nerfs de la guerre. Ici on mets quand même des ronds dans ce qui ne se rattrapera pas (conception, fondations, structure, …) et on fera peut-être des économies sur ce qui viens par la suite et qui peut se changer quand on aura plus de capacités (parquets, cuisine, ameublement, décoration …).
    Florian

  3. La RT soit disant dépassée comme vous dites met en avant un aspect que vous semblez totalement écarter dans cet article qui est le bilan carbone de la construction. J’ai du mal a comprendre comment « Construire une maison de 270 M2 » peut rimer avec écologie (surtout avec du polystyrène et du béton de partout). C’est un beau projet, c’est vrai mais pourquoi ne pas avoir fait quelques choses de plus « utile ».

  4. On ne construits pas « pour faire écologique ». On aurait fait de la rénovation sinon.
    On avait un cahier des charges fourni à notre architecte, qui nous a déjà proposé une grande maison en nous disant « c’est trop grand il faut réduire », mais pour simplifier les débords de l’étage par rapport au rez-de-chaussée, on a tiré quelques murs et cela a augmenté la superficie. 220m² sur 2 étages. Comme nous avons une toiture avec une pente prononcée, nous avons décidé de faire des combles aménageables (histoire d’avoir un grenier), ce qui a rajouté 50m².
    Le choix du béton n’était pas voulu (hors fondations), c’est la structure du bâtiment qui l’a imposé. Nous n’avons pas trouvé d’autres solution viable et financièrement possible pour nous. Néanmoins nous avons opté pour des blocs de ponce plutôt que du parpaing classique pour leur empreinte moindre, le fait que le sable de ponce est une ressource renouvelable contrairement au sable de rivière, et le mortier et le béton fait jusqu’à présent sur place (hors fourniture par toupie) ont été fait entièrement avec de l’eau de pluie récupérée (seul le nettoyage des outils est faite à l’eau potable, car sans pression c’est plus que galère).

    Idem pour le polystyrène : passer sur du verre cellulaire demandait de tripler la somme de l’isolant, sur du liège de la quintupler. Comme pour tout, nous devions faire des compromis. L’autre solution aurait été d’abandonner le projet et les fonds déjà investis (parce que construire quelque chose qui ne nous plait pas a peu d’intérêt).
    Cela ne concerne que les isolants enterrés et qui doivent être imputrescibles. Pour le reste on pense utiliser de la laine de bois, de la fibre de bois en ITE, et peut-être de la ouate ou de la paille soufflée pour l’isolant sous toiture.

    Nous ne sommes pas parfait, nous n’avons pas prétention à l’être, nous sommes conscient de l’impact qu’une telle construction peut avoir sur l’environnement. Nous essayons de diminuer cet impact autant que possible, dans la mesure de nos moyens. Mais sans sacrifier le projet ni nos envies. La taille de la maison n’était pas un objectif, c’est une conséquence de ces choix. L’empreinte au sol en revanche reste contenue. Et nous tâchons de préserver le reste du sol, nous ne mettrons pas de goudron pour ne pas imperméabiliser les sols existants.

    La RT2012 est dépassée, mais la RE2020 va dans le bon sens, avec des objectifs d’économie carbone dans le cycle de vie de la construction. Même si nous n’y sommes pas soumis, certains choix ont été fait en lisant les fiches de données environnementales et sanitaires des produits.

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