Pour comprendre l’histoire qui va suivre, il faut d’abord remonter à la genèse de cette imbroglio diplomatique: en 2019, le professeur Aidan Meller dévoilait une œuvre d’art un peu particulière nommée Ai-Da, une femme-robot humanoïde qui peut créer des œuvres d’art. Ce projet inédit fait de son invention le premier robot-artiste au monde.
Et depuis 2019, les œuvres d’Ai-Da s’exportent et s’exposent partout dans le monde. Celle-ci tient son nom d’Ada Lovelace, une mathématicienne britannique considérée comme la première programmatrice informatique dans le monde. Mais quand Ai-Da arrive en Egypte pour une exposition contemporaine sur le site des Pyramides de Gizeh, l’affaire se corse un peu. Explications.
Une arrivée tendue sur le territoire
Dans un contexte politique complexe, l’Egypte se ferme peu à peu et il devient assez compliqué d’entrer dans ce pays. Ce joyau du continent d’Afrique du Nord n’est pas impénétrable, mais les autorités sont sur les dents et surveillent de très près les entrées. A son arrivée sur le sol égyptien, Ai-Da, qui on le rappelle est une femme-robot qui fonctionne donc à l’Intelligence Artificielle, s’est vue soupçonnée d’espionnage.
Les douaniers égyptiens ont en effet soupçonné Ai-Da de ne pas être seulement une œuvre d’art, mais surtout une espionne. Avant de rejoindre l’exposition, elle a donc dû passer 10 jours séquestrée par les douanes, mais également faire l’objet d’une médiation au sommet, pour pouvoir poser les pieds sur le sol égyptien.
Ai-Da intrigue les douaniers pour des raisons de conception
Puisque le robot-artiste est un robot qui peint des œuvres d’art, il est donc nécessaire qu’il puisse voir; il lui faut donc des yeux qui, dans le cas d’Ai-Da, ne peuvent qu’être des caméras.
Et ce sont ces dernières qui n’ont pas du tout plu aux douaniers. Puisque cette androïde avait des caméras à la place des yeux, elle était forcément une espionne, peut-être même à l’origine d’un complot contre le pays. Et malgré les explications de son père concepteur Aidan Meller, rien n’y fera, Ai-Da sera retenue 10 jours aux douanes égyptiennes.
Une intervention au sommet
Invitée à la Forever Is Now, une exposition d’art contemporain dans laquelle Ai-Da était l’invitée vedette, il a fallu l’intervention de l’ambassadrice britannique en Egypte pour que la situation se débloque et que l’artiste soit libérée. Son concepteur Aidan Meller a pourtant expliqué qu’il ne pouvait vraiment pas lui arracher les yeux, qu’elle était une artiste et non une espionne.
Les yeux d’Ai-Da, son outil de travail
Sans ses yeux, Ai-Da n’est plus. Une évidence lorsque l’on sait que ce sont ces caméras placées dans ses orbites qui détectent les images qu’elle peut ensuite reproduire. Concrètement, c’est ce qui lui permettent de peindre ou de dessiner, grâce à de puissants algorithmes. Sa dernière œuvre s’inspirait d’ailleurs de l’énigme du Sphinx, totalement raccord avec l’exposition d’art.
Dans un pays où de nombreuses personnes sont emprisonnées pour des raisons litigieuses, la séquestration d’Ai-Da montre peut-être les premières limites de l’Intelligence Artificielle. Jusqu’où les Etats les plus suspicieux ou les plus fermés sont-ils prêts à aller avec l’Intelligence Artificielle ? L’arrestation d’un robot-artiste par les douaniers égyptiens a encore une fois permis à certains d’appuyer sur la situation politique du pays. Et ce n’était peut-être pas la peine d’en rajouter.
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